Tandis que Londres affirme disposer d'"informations [...] convaincantes" sur l'usage d'armes chimiques en Syrie, Washington déclare conclure, "avec un certain degré de certitude, que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle".
Y a-t-il eu utilisation d’armes chimiques en Syrie ? Cette délicate question n'a toujours pas trouvé de réponse claire. Depuis quelques semaines, plusieurs pays multiplient les déclarations confirmant l'usage de telles armes. Dernière en date : ce jeudi 25 avril, le porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères a déclaré que le Royaume-Uni disposait d’"informations limitées mais convaincantes de plusieurs sources "attestant de l’usage "d'armes chimiques en Syrie, incluant du gaz sarin". Aucun détail n'a été précisé concernant ces informations.
Un peu plus tôt, c’est la Maison Blanche qui a envoyé une lettre à plusieurs membres du Congrès indiquant que "la communauté des renseignements américains [avait] conclu, avec un certain degré de certitude, que le régime syrien [avait] utilisé des armes chimiques à petite échelle". C'est la première fois que les États-Unis évoquent cette possibilité.
"Toutes les options sur la table"
Reste que, pour l'heure, la présidence américaine juge que cela ne suffit pas et qu'il faut des faits "crédibles et confirmés" pour mettre en cause le régime de Damas sur ce dossier. "Étant donné les enjeux, et sur la base de ce que nous avons appris de nos récentes expériences, les estimations des services de renseignement ne suffisent pas - seuls des faits crédibles et confirmés qui nous assurent un certain degré de certitude guideront nos prises de décision", précise Miguel Rodriguez, directeur du bureau des affaires législatives à la Maison Blanche.
Un haut responsable américain a affirmé, ce jeudi, que "toutes les options" étaient sur la table dans le dossier syrien avant de conclure que la "ligne rouge" tracée par le président Barack Obama avait été franchie par Damas. "Nous allons consulter de près nos amis et alliés, de façon plus large la communauté internationale ainsi que l'opposition syrienne pour déterminer quelle serait la meilleure façon d'agir", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse téléphonique.
Des photos de victimes et des échantillons de terre
L’information émanant de Londres a déjà été révélée, il y a deux jours, par un responsable du renseignement militaire israélien. Le général de brigade Itai Brun a accusé, le 23 avril, le régime du président syrien Bachar al-Assad d'"utiliser des armes chimiques" face à la rébellion. Pour illustrer ces propos, il s'est basé sur des photos de victimes dont les pupilles sont contractées et dont la bouche laisse échapper de la mousse. Autant de signes qui "attestent de l'utilisation d'armes chimiques mortelles", selon le général.
Des quotidiens britanniques, dont The Times, ont eux aussi évoqué, il y a dix jours, des "premières preuves" de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Ce dernier avait rapporté, samedi 13 avril, que des preuves médico-légales avaient été découvertes dans un échantillon de terre prélevé dans une zone proche de Damas et sorti clandestinement du pays vers le Royaume-Uni.
Par ailleurs, des diplomates à l'ONU sous le couvert de l'anonymat ont confié, au début du mois, que les pays occidentaux avaient des "preuves solides" que des armes chimiques avaient été utilisées au moins une fois dans le conflit syrien.
Le mois dernier, le gouvernement syrien et les rebelles s'étaient mutuellement accusés d'avoir mené une attaque chimique près de la ville d'Alep, dans le nord du pays. Les insurgés accusent aussi les forces gouvernementales d'avoir notamment utilisé des armes chimiques par deux fois lors des combats ces dernières semaines pour le contrôle d'Otaïba, une ville à l'est de Damas que les rebelles ont dû abandonner mercredi.
Avec dépêches