L'ambassade de France à Tripoli a été la cible d'un attentat. Deux gendarmes français ont été blessés, dont un grièvement. Paris condamne l'attaque. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est arrivé sur place.
L'ambassade de France à Tripoli, en Libye, a été visée mardi 23 avril au matin par un attentat, blessant deux gendarmes français, dont l'un grièvement, et provoquant d’importants dégâts matériels. Une source de sécurité libyenne a indiqué que l’explosion avait été causée par une voiture piégée. "Il ne reste plus rien de mon bureau", a déclaré à l'AFP une employée française de l'ambassade qui est installée dans une villa de deux étages située au coin d'une rue du quartier résidentiel de Gargaresh.
Aucune indication n'a pu être obtenue dans l'immédiat sur les motifs ou les auteurs de cet attentat. Le parquet de Paris a ouvert une enquête et un groupement de dix gendarmes du GIGN a été envoyé sur place afin de renforcer la sécurité des lieux et examiner les conditions d'un déménagement de l'ambassade. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et la sous-direction antiterroriste (SDAT) ont également été saisies.
Sur l’antenne de FRANCE 24, Jean Glavany, député PS, actuellement en visite sur place, parle d’une véritable "scène de guerre avec des voitures en feu, des inondations et des ruines". Selon lui, "60 % de la chancellerie est inutilisable". Et d’ajouter : "La France est un pays exposé [à ce genre d’attentat] et l’intervention au Mali l’a exposée un peu plus. Il ne faut donc pas s’étonner que les intérêts français soient visés, c’est tragiquement cohérent", a-t-il commenté.
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Réaction de Jean Glavany, député PS en visite en Libye
Toutefois, l’ambassade n’avait pas reçu de menace directe, indique Marine Casalis, la correspondante de FRANCE 24 à Tripoli. "Certains estiment que les auteurs ne sont probablement pas libyens car il n’y a pas de sentiment anti-français dans le pays", précise-t-elle.
Bâtiment en flammes
Sur Twitter, les photos d’
un Libyen témoin de la scène, @Eh4b10, montrent le bâtiment quasiment détruit et en flammes. L’internaute fait également état d’importants dommages collatéraux sur les habitations voisines. En raison de la puissance de l'explosion, deux villas en face de l'ambassade ont subi d'importants dégâts. La rue devant la chancellerie a été inondée d'eau vraisemblablement en raison de l'explosion d'un tuyau.
La France "condamne avec la plus grande fermeté l'attentat", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui est arrivé en Libye dans l'après-midi. "En liaison avec les autorités libyennes, les services de l'État mettront tout en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cet acte odieux et que ses auteurs soient rapidement identifiés", a ajouté le ministre dans un communiqué. Dans une brève allocution, il également déclaré que "cet attentat aurait pu être absolument un carnage. Il s'en est fallu de quelques minutes : si le personnel avait été là, cela aurait été un drame épouvantable. Cet attentat était fait pour tuer. La France ne cédera pas."
Le ministre des Affaires étrangères libyen qui s’est rendu sur place a également condamné cet attentat visant la France qu’il a qualifié de "pays frère ayant appuyé la Libye pendant la révolution".
Par précaution, l'école et le lycée français de Tripoli, situés dans le même quartier que l’ambassade, ont été fermés jusqu’à nouvel ordre. Les activités du Centre culturel français ont également été suspendues.
Le 11 septembre dernier, le consulat des États-Unis à Benghazi, dans l'est de la Libye, avait été la cible d'une attaque ayant coûté la vie à l’ambassadeur américain, Christopher Stevens, ainsi qu’à trois agents américains. Mais c'est la première fois qu'une représentation étrangère à Tripoli est visée par une attaque depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011.
FRANCE 24 avec dépêches