À 87 ans, Giorgio Napolitano a été réélu à la présidence italienne. À l'issue de cinq votes, il s'est imposé comme étant la seule figure du consensus dans un pays plongé dans la crise politique. Il a prêté serment ce lundi en fin de journée.
Il est le premier président italien à rempiler pour un second mandat. À 87 ans, Giorgio Napolitano a prêté serment devant le Parlement à 17 heures (15 heures GMT), l’occasion de dévoiler sa stratégie dans une Italie en proie à une sévère crise politique depuis les élections législatives de février, où aucun parti n’est sorti majoritaire dans les deux chambres du Parlement.
La réélection, samedi, pour sept ans, du chef de l'État grâce à un large consensus balayant une grande partie de l'échiquier politique de la gauche à la droite, devrait lui conférer une autorité suffisante pour contraindre les partis italiens à se mettre d'accord sur la formation d'un gouvernement, sous peine de devoir retourner aux urnes.
Une source proche de la présidence citée par Reuters indique que Giorgio Napolitano pourrait ou bien organiser une série de consultations rapides à partir de mardi, ou bien sauter cette étape puisqu'il a déjà officiellement sondé les leaders des partis deux fois depuis le début de la crise politique.
Sa réélection, fait-on valoir, signifie que la classe politique italienne a clairement l'intention de travailler à la formation d'un nouveau gouvernement plutôt que de s'orienter vers de nouvelles élections.
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Vers un accord dans la semaine ?
Rocco Buttiglione, député centriste du Choix citoyen, la formation de l'actuel président du Conseil Mario Monti, estime qu'un accord sur un gouvernement pourrait être trouvé "dans la semaine". "Napolitano est très fort actuellement et les partis sont plutôt faibles", a-t-il ajouté.
Pour lui, l’Italie a tout intérêt à se doter d’un "gouvernement Monti en mieux, avec davantage de politiques, de façon à ce que les partis ne puissent pas le critiquer à leur guise, comme ils l'ont fait avec Monti", dont l’équipe gouvernementale était composée de techniciens ayant dû prendre des mesures impopulaires pour tenter de redresser le pays après le départ de Silvio Berlusconi.
Le Parti démocrate (PD), lui, va devoir se choisir de nouveaux dirigeants après la démission, vendredi soir, de sa présidente, Rosy Bindi, et de son secrétaire Pier Luigi Bersani, incapables de convaincre leurs troupes de voter en faveur des candidats qu'ils défendaient pour la présidence de la République. Nommé par Giorgio Napolitano le 22 mars, Pier Luigi Bersani a également échoué à former le nouveau gouvernement.
Manifestations anti-Napolitano
L'idée d'un gouvernement droite-gauche est fortement critiquée par Beppe Grillo dont la formation le Mouvement 5 Étoiles (M5S) a cristallisé le vote contestataire pendant les élections. Il décrit le consensus qui a permis de reconduire le chef de l'État octogénaire, comme la manœuvre désespérée d'une classe politique traditionnelle discréditée pour conserver le pouvoir.
Dimanche, plusieurs milliers de partisans du M5S se sont rassemblés pour contester la réélection de Giorgio Napolitano avant de défiler dans Rome. Certains portaient des pancartes affirmant : "Napolitano n'est pas notre président".
Le M5S avait appelé le Parti démocrate à soutenir son candidat, Stefano Rodota, un universitaire de gauche. Le PD au contraire s'est rallié à la droite emmenée par Silvio Berlusconi et aux centristes de Mario Monti. Beppe Grillo, dont le mouvement a obtenu 25 % des suffrages aux élections parlementaires de février, n'a pas hésité samedi à parler de "coup d'État".
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Avec dépêches