Le premier tour des élections territoriales s'est ouvert ce dimanche en Polynésie. Parmi les candidats en lice pour succéder au président Oscar Temaru, Gaston Flosse part favori malgré ses nombreuses condamnations par la justice.
Le premier tour des élections territoriales en Polynésie française aura lieu ce dimanche après une campagne émaillée de moments insolites dus au comportement parfois étrange de certains candidats, qui rêvent tous de succéder au président indépendantiste Oscar Temaru.
Parmi les neuf listes en compétition, la plus surprenante est celle d'André Tanepau. Ce candidat a été découvert par les médias le jour du dépôt des listes. Depuis, il a évité la presse, et même manqué son unique passage prévu au journal télévisé de la chaîne locale, parce qu'il était en campagne dans une île et "n'avait pas réservé sa place sur le vol retour".
Le programme de ce candidat est aussi étonnant : il propose de rallonger les pistes des nombreux aérodromes des îles polynésiennes pour pouvoir y faire atterrir des Boeing.
Dans ces îles, souvent peuplées de quelques centaines d'habitants, il veut implanter des grandes surfaces. Avec quel financement ? "Il y a des investisseurs", répond-il sans plus de précisions. Cela ne l'empêche pas d'être convaincu d'être élu dès le premier tour.
Autre candidature surprenante, celle de Franck Falletta, surnommé en Polynésie le "candidat fantôme". Cet homme d'affaires, à la tête de la plus grosse agence de voyages et des magasins Casino, n'a pas répondu aux sollicitations des médias, et ne s'est même pas présenté à la plupart des meetings organisés par sa propre liste.
Le parti de Teiva Manutahi, un autre candidat qui veut incarner la relève, se paiera sans doute les services d'un correcteur d'orthographe à la prochaine élection. Un même nom apparaissait trois fois sur sa liste. Il a donc dû réimprimer -- et repayer -- toute sa propagande électorale. Et le nom de sa liste comporte une faute : "Tous Polynésien", sans "s", qui a été reproduite sur les affiches et les professions de foi.
Avant même le premier tour, certaines alliances déconcertantes ont aussi été envisagées. Emile Vernier, tenant de la départementalisation, c'est-à-dire de l'intégration de la Polynésie dans l'Etat français, a par exemple envisagé une alliance avec l'indépendantiste Oscar Temaru. Le président sortant s'est pourtant battu avec acharnement, mais en vain, ces derniers mois, pour faire inscrire la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser de l'ONU.
Autre particularisme local, la candidature de Gaston Flosse, qui fait figure de favori malgré ses condamnations pour prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics, trafic d'influence passif et corruption active. Il pourrait d'ailleurs être déclaré inéligible dans quelques mois, après un arrêt de la Cour de Cassation attendu dans une affaire d'emplois fictifs.
La plus belle bévue est à mettre au compte de Charles Fong Loi. Ce président de parti a répondu, en direct à la télévision, à une question sur les différences entre son parti et ses trois alliés dans cette élection: "c'est surtout la sincérité, la fidélité, et la loyauté". Les partis alliés n'ont pas réagi.
Dans cette collectivité du Pacifique sud, aux 118 îles et atolls répartis sur une surface équivalente à celle de l'Europe, l'organisation du scrutin relève du défi logistique. L'armée est chargée du largage par avion du matériel électoral pour les îles sans aérodrome : le largage a souvent lieu en mer, et un bateau récupère le conteneur étanche et flottant.
AFP