logo

L'opposition vénézuélienne a déposé un recours officiel auprès du Conseil national électoral (CNE) afin d'obtenir un recomptage des votes de la présidentielle. Le chef de file Henrique Capriles a invoqué des irrégularités lors du scrutin.

Trois jours après l'élection présidentielle de Nicolas Maduro au Venezuela, l'équipe de campagne de Henrique Capriles s'est présentée au Conseil national électoral (CNE) pour déposer un recours. "Un nouveau comptage a été sollicité, avec la vérification des bulletins, des actes de vote et des registres électoraux", a indiqué mercredi soir sur son compte Twitter Henrique Capriles, qui continue de qualifier le président d"'illégitime".

Battu par 300 000 voix d'écart à la présidentielle du 14 avril, Capriles invoque des irrégularités et réclame un nouveau comptage des bulletins émis par les machines de vote électronique. "Le monde est tout à fait d'accord pour qu'il y ait une vérification de 100 % des bulletins car cela renforce la démocratie", a-t-il insisté lors d'un entretien diffusé mercredi soir par la chaîne colombienne NTN24.

Toutefois, le Tribunal suprême de justice (TSJ), la plus haute instance judiciaire, a déjà averti qu'un comptage manuel était "impossible", n'étant pas prévu dans la Constitution, et rappelé que le système électoral était "automatisé". "Les gens qui ont cru qu'un tel comptage aurait pu être réalisé ont été trompés", a jugé la présidente du TSJ, Luisa Estela Morales, déplorant que certains aient été "incités à lancer une bataille sans fin dans les rues".

Cette annonce renforce la position du président élu qui a promis de "soutenir totalement et pleinement" la réponse qu'apportera le CNE à la sollicitude de l'opposition. "Nous allons construire un gouvernement socialiste, populaire, un gouvernement de la rue", a déclaré triomphant Maduro, dont l’investiture est prévue vendredi en présence de plusieurs chefs d'État.

Réunion de l’Unasur jeudi à Lima

Sur le front diplomatique, une réunion extraordinaire des pays de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) se tiendra jeudi à Lima, au Pérou, pour évoquer la situation au Venezuela. L'objectif de la rencontre, dont l'initiative a été lancée par le président péruvien Ollanta Humala, est d'"examiner les récents événements" au Venezuela, indique un communiqué de mercredi soir.

Les présidentes d'Argentine, Cristina Kirchner, et du Brésil, Dilma Rousseff, ainsi que le président d'Uruguay José Mujica, seront présents. Le gouvernement vénézuelien devrait être représenté par le ministre des Affaires étrangères Elias Jaua. L'Unasur, qui compte onze membres (Argentine, Bolivie, Brésil, Colombie, Chili, Équateur, Guyane, Pérou, Surinam, Uruguay et le Venezuela. Le Paraguay a été suspendu l'an dernier) est actuellement présidée par le Pérou.

De leurs côtés, les États-Unis, bête noire de Hugo Chavez et de ses partisans, s’interrogent toujours sur la légitimité du scrutin et n’ont pas encore reconnu la victoire de Nicolas Maduro. "Nous pensons qu'il doit y avoir un nouveau comptage des voix", a répété mercredi le secrétaire d'État américain John Kerry. S'exprimant devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, il a souligné la nécessité d'un audit du scrutin. S'il y a "de grosses irrégularités, nous aurons de sérieux doutes sur la viabilité de ce gouvernement". "Mais il faut effectuer cette évaluation, ce que je n'ai pas encore fait", a-t-il encore affirmé. À la Maison Blanche, le porte-parole Jay Carney a lui précisé que Washington appelait "à un processus transparent et digne de foi pour rassurer les Vénézuéliens sur les résultats de l'élection".

À Caracas, Nicolas Maduro a assuré que le refus américain de reconnaître sa victoire lui était indifférent: "Ne reconnaissez rien, on s'en moque de votre reconnaissance. Nous avons décidé d'être libres et nous allons être libres et indépendants, avec ou sans vous", a-t-il lancé mercredi au cours d'une intervention télévisée.

En Espagne, le gouvernement a assuré "respecter" cette proclamation, après avoir déclenché l'ire de Caracas lundi, lorsque son ministre des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo a semblé douter du résultat de l'élection. "Quel que soit le verdict final après ce nouveau décompte, cela montre qu'il y a une polarisation très forte au Venezuela", avait estimé celui-ci.