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Les deux bombes qui ont explosé lundi lors du marathon de Boston seraient, selon le FBI, des cocottes-minute remplies de billes d’acier et de clous. Un type d'engin explosif déjà utilisé par le passé.

Au lendemain de l’attentat de Boston, les autorités estiment qu’au moins une des deux bombes ayant explosé a été confectionnée avec une cocotte-minute contenant des clous, des douilles et des éclats de métal. Les premiers éléments de l’enquête ont permis de retrouver, sur place, du nylon noir "qui pourrait provenir d'un sac à dos", selon l'agent spécial Richard DesLauriers, ainsi que "des fragments de billes et de clous, sans doute contenus dans une cocotte-minute". Selon le FBI, les explosifs étaient probablement cachés dans des sacs abandonnés sur le parcours de la course.

Ces bombes artisanales "ne sont pas l’œuvre d’amateurs", précise Roland Jacquard, président de l’observatoire international du terrorisme. "Surtout qu’elles ont explosé quasi simultanément." La puissance des deux bombes, avec un effet de souffle relativement limité, semble écarter l'utilisation d'explosifs militaires, type C4, RDX ou Semtex, très puissants et difficiles à se procurer.

Selon un rapport daté de 2003 du département de Sécurité intérieure, ce genre de bombe est en général confectionné en plaçant du trinitrotoluène (TNT), ou autres explosifs, dans une cocotte-minute à laquelle est attaché un détonateur. La taille de l’explosion dépend de la taille de la cocotte-minute et de la quantité d’explosifs qu’elle contient. Ce genre de dispositif peut être réalisé avec des composants électroniques de base comme des montres digitales, des télécommandes de portes de garage ou encore des téléphones portables. Selon le département de Sécurité intérieure, transformer une cocotte-minute en un engin explosif improvisé est une technique "couramment enseignée dans les camps d’entraînement afghan".

Obama parle d’"acte terroriste"

Les bombes dissimulées dans des cocottes-minute remplies de shrapnel ont en effet déjà été utilisées dans le passé. Selon Associated Press, qui cite un rapport secret du FBI et du département américain de Sécurité intérieure publié en juillet 2010, ce type d’explosif, "plus puissant qu’une bombe artisanale", est utilisé en Afghanistan, en Inde, au Népal et au Pakistan pour fomenter des attaques. Il a également été utilisé lors de la vague d'attentats en France en 1995, ainsi que lors de l'attentat avorté de Times Square en mai 2010. Mais les Taliban du Pakistan, qui avaient revendiqué cette dernière attaque, ont cette fois-ci, nié tout rôle dans le drame de Boston.

Mais la recette pour concevoir une cocotte de ce type reste très facile à trouver sur Internet. En 2010, le magazine de la branche yéménite d'Al-Qaïda expliquait comment réaliser une bombe avec une cocotte-minute et du shrapnel, selon le site internet anglophone spécialisé dans la traque d'activité terroriste, Site. Elle ne se limite toutefois pas aux sites djihadistes puisque l'article, intitulé "Fabrique une bombe dans la cuisine de ta mère", figurait récemment comme une "lecture hautement recommandée" sur un forum de suprématistes blancs américains, Stormfront.

Si la cocotte-minute ne permet donc pas de privilégier une piste en particulier, son identification ainsi que sa marque devraient aider les enquêteurs à remonter jusqu’au point de vente et éventuellement trouver l’acheteur. En attendant, le président américain, Barack Obama, qui se rendra jeudi à Boston pour une cérémonie œcuménique en hommage aux victimes, parle désormais d'"acte terroriste".