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Les autorités belges ont procédé mardi à plusieurs dizaines de perquisitions et d'interpellations dans les milieux islamistes radicaux. Depuis plusieurs mois, les cas de jeunes belges partis combattre en Syrie se sont multipliés.

Bruxelles passe à l’offensive contres les milieux islamistes radicaux. En ligne de mire : les filières de recrutement de combattants pour la Syrie. Tôt ce mardi, la police belge a procédé à plusieurs dizaines de perquisitions et à des interpellations dans les milieux islamistes. Car depuis plusieurs mois, les cas de jeunes Belges rejoignant les jihad en Syrie se multiplient, suscitant l’émotion nationale.

Les policiers sont intervenus en début de matinée notamment à Anvers et à Vilvorde, dans la banlieue de Bruxelles, deux villes d'où sont partis ces derniers mois une bonne partie des quelque 80 jeunes volontaires pour la Syrie, selon le parquet fédéral belge. Selon un premier décompte, 46 perquisitions ont été menées et "plusieurs personnes interpellées".

Parmi les personnes interpellées figurent Fouad Belkacem, le porte-parole de Sharia4Belgium, un groupuscule extrémiste basé à Anvers et qui avait annoncé sa dissolution volontaire en octobre. "Nous avons des indications selon lesquelles Sharia4Belgium envoyait des gens rejoindre des groupes terroristes en Syrie", a déclaré à Reuters un porte-parole du parquet belge. Un homme, hospitalisé à Bruxelles après avoir été blessé en Syrie, a également été arrêté. Selon le site d’information Dh.be, le blessé est rentré en Belgique par la Turquie après avoir été touché à la tête par une grenade. Son identité n'a pas encore pu être confirmée, mais il pourrait s'agir d'un sympathisant de Sharia4Belgium.

 
Vive émotion en Belgique

Cette vague de perquisitions fait partie de la réponse des autorités belges au départ de jeunes musulmans radicalisés. Ce phénomène concerne plusieurs pays européens, dont la France et les Pays-Bas, mais suscite une forte émotion en Belgique.

Les médias belges ont en effet largement fait écho au cas de Brian De Mulder, un Anversois de 19 ans qui a quitté le domicile familial le 22 janvier en disant à sa petite sœur: "Tu ne me verras peut-être plus jamais". Membre de Sharia4Belgium, il est apparu avec d'autres combattants néerlandophones dans des vidéos tournées en Syrie ce printemps. Jejoen Bontinck, un autre Anversois de 18 ans, a, quant à lui, dit à ses parents qu'il partait en vacances aux Pays-Bas avec ses "frères" musulmans mais a rejoint la Syrie. Son père s’est rendu dans le nord de la Syrie pour tenter de le faire revenir en Belgique, en vain jusqu'ici.

Mardi matin également, un élu de Schaerbeek a affirmé pour sa part que deux élèves musulmans de 16 ans fréquentant une école de cette commune de l'agglomération bruxelloise étaient partis en Syrie le 4 avril, au début des vacances de Pâques. Selon leurs professeurs, ces deux jeunes avaient "une scolarité exemplaire" et ne présentaient « aucun signe avant-coureur", a dit l'élu. Selon lui, le frère aîné d'un des deux adolescents les aurait convaincus de le rejoindre en Syrie.

 Forte mobilisation du gouvernement contre la radicalisation

Les responsables belges, qui disent lutter contre ce problème en toute discrétion depuis plus d'un an, mais qui sont soumis à une pression croissante de l'opinion, ont multiplié les réunions ces derniers jours pour tenter d'endiguer ces départs. Une "task force" consacrée à la Syrie et rassemblant les services de sécurité du pays et les autorités locales a été mise sur pied fin mars par la ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet.

Outre le volet judiciaire, les autorités belges veulent renforcer le volet préventif en luttant avec les intervenants de terrain, dans les écoles et mosquées notamment, contre la radicalisation des jeunes musulmans. Mais le gouvernement doit aussi examiner cette semaine de nouveaux moyens pour empêcher les départs. Un renforcement des contrôles aux frontières et une plus grande collaboration avec la Turquie, pays par lequel transitent la plupart des volontaires, figurent parmi les pistes évoquées par la ministre.

Avec dépêches