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Les autorités ont tenu une conférence de presse mais sont restées très évasives sur l'enquête en cours au lendemain de l’attentat de Boston. Reste une certitude : "Les auteurs du crime ne figurent pas parmi les victimes".

"Divulguer des pistes d’enquête pourrait compromettre notre travail." C’est avec ce mot d’ordre que les responsables des autorités et des forces de l’ordre se sont adressés au public lors d’une conférence de presse, mardi 16 avril, au lendemain de l'attentat qui a frappé le centre-ville de Boston à l’heure du marathon. Le maire Thomas Menino, le responsable local de la police fédérale (FBI) à Boston Rick DesLauriers, le chef de la police Ed Davis et la procureure Carmen Ortiz sont effectivement restés très évasifs : pas d’éléments sur les pistes de l’enquête, pas de précision sur la nature des engins explosifs. 

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Le chef de la police de Boston : "Il n'y a pas d'autres menaces connues"

Le chef de la police Ed Davis a coupé net aux rumeurs, affirmant n’avoir "personne en garde à vue". La procureure Carmen Ortiz a résumé la situation en parlant de la "scène du crime la plus complexe que nous ayons eu à traiter" et a laissé entendre que l’enquête pourrait prendre encore plusieurs jours.

Une certitude cependant : il n’y a eu que deux engins explosifs, et non sept comme le suggéraient certaines rumeurs. Autre affirmation : "Toutes les victimes sont des victimes pures et simples, les auteurs du crime ne figurent pas parmi les victimes". Les autorités ont dénombré trois morts et 176 blessés, dont 17 très gravement.

Autre piste ouverte : celle d’une enquête élargie. "Nous n’allons pas nous limiter à la ville de Boston, ça va devenir une enquête mondiale, partout où les preuves nous invitent à poursuivre l’enquête." Figure de style ou piste internationale ? Aucun autre élément lors de la conférence de presse ne permet d’interpréter ces propos. Seulement, note Gauthier Rybinski, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24, "il n’y a pas eu d’allusion à la géopolitique internationale, ce qui, par le passé, ne manquait pas d’être vite évoqué lors des précédents attentats ou tentatives d’attentats aux États-Unis".

Même prudence dans la bouche du président Barack Obama, qui a prononcé une courte allocution peu après la conférence de presse de Boston : s’il a, pour la première fois, employé le mot "acte de terrorisme" pour qualifier les explosions de Boston, il a concédé que les autorités américaines ne savaient pas encore si les auteurs de cet "acte odieux et lâche" étaient étrangers ou Américains.

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"ACTE DE TERRORISME"

Deux pistes privilégiées

Le FBI semble privilégier pour l'instant deux pistes. L'une d'elles s'appuie sur le jour choisi pour ces explosions : celui du Patriots' Day, qui correspond au dernier jour pour envoyer sa déclaration d'impôts. Cette thèse tend à se tourner vers la piste des extrémistes de droite américains, comme des militants anti-impôts.

L'autre théorie serait celle d'un attentat islamiste. Le fait qu'il y ait eu deux explosions quasi-simultanées rappelle les "modèles" prônés par le magazine "Inspire", publication en ligne qui émane d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

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"Le centre-ville de Boston reste bouclé"
À Boston, une "scène du crime complexe" pour les enquêteurs

Les Taliban pakistanais, liés à l'attentat raté à la voiture piégée de Times Square à New York en mai 2010, ont nié toute implication dans les deux explosions meurtrières. "Nous sommes en faveur des attaques contre les États-Unis et ses alliés, mais nous ne sommes pas impliqués dans cette attaque", a déclaré à l'AFP Ehsanullah Ehsan, porte-parole du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement des Taliban pakistanais.

Des bombes artisanales

Des informations plus précises filtrent en revanche sur les explosifs utilisés. Le député texan Michael McCaul, président de la Commission de la sécurité intérieure à la Chambre des représentants, estime que les bombes étaient artisanales, similaires aux explosifs utilisés contre l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Les abords de l'arrivée du marathon ont été examinés à deux reprises, le matin et une heure avant l'arrivée des premiers coureurs, sans qu'aucune trace d'explosif ne soit trouvée, selon le commissaire de Boston Edward Davis. Ce qui accrédite la thèse de la bombe artisanale, facilement transportable. Il s'agirait, pour au moins l'une des deux bombes, d'une cocotte-minute remplie de poudre et de métaux.

Les services d'urgence ont fait état de nombreuses blessures au niveau des membres inférieurs, ayant nécessité des amputations à plusieurs occasions. Le Dr Velmahos, chirurgien à l’hôpital de Boston, a confirmé que les corps contenaient des objets tranchants comme des billes ou des clous.

"Une des scènes de crime les plus photographiées de l'Histoire"

Les autorités ont répété à plusieurs reprises qu’elles cherchaient encore à recouper des photos et des vidéos pour reconstituer les événements, ce qui représente un travail considérable. "Nous avons déjà collecté une masse énorme d’information. Huit cent personnes y travaillent. Il s’agit d’une des scènes de crime les plus photographiées dans l’Histoire de la police", a précisé Rick DesLauriers, le responsable local de la police fédérale (FBI) à Boston, tout en appelant le public à envoyer toutes les photos et vidéos prises avant et au moment des explosions, et de préciser à quelle heure la photo ou la vidéo a été prise.

Rassurer le public, entretenir "un esprit de résistance pour surmonter cette crise", selon les mots du maire, apaiser les angoisses de la population: tels semblent avoir été les premiers objectifs de cette conférence de presse.

Les cérémonies funéraires des victimes auront lieu mercredi 17 avril.