
L'hebdomadaire de droite Valeurs actuelles affirme que le ministre de l'Économie savait "avant le 31 décembre 2012" que Jérôme Cahuzac avait détenu un compte en Suisse. Pierre Moscovici a vivement condamné ces allégations.
Pierre Moscovici savait-il que Jérôme Cahuzac avait détenu un compte en Suisse ? C’est en tous cas l’accusation émise par l’hebdomadaire de droite, Valeurs actuelles, qui accuse le ministre de l’Économie d'avoir su dès, le mois de décembre, que Jérôme Cahuzac, alors ministre du Budget, avait détenu un compte en Suisse.
Selon Valeurs actuelles, le 7 décembre, soit trois jours après le premier article de Mediapart mettant en cause Cahuzac, le ministre de l'Économie et le directeur général des Finances publiques, Bruno Bézard, ont chargé "une quinzaine de fonctionnaires" d'enquêter secrètement sur la véracité de ces affirmations, raconte Valeurs actuelles.
"Ministre intègre"
"Grâce aux excellentes relations nouées entre les hauts fonctionnaires du fisc français et les autorités suisses à l'occasion d'affaires politico-financières sensibles [...], la réponse parvient, semble-t-il, avant le 31 décembre […] Une réponse fort désagréable pour le ministre délégué au Budget : oui, il a bien détenu un compte en Suisse à l'UBS", écrit le journal.
Paru ce jeudi, cet article, qui ne cite aucune source, a, sans surprise, été vivement critiqué par le ministère de l'Économie dans un communiqué, puis lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat. Pierre Moscovici, qui a assuré être un "ministre intègre", s’est vivement défendu et affirmé n'avoir "rien à se reprocher". Il a également dénoncé les "allégations" d'un hebdomadaire "à droite, très à droite, très très à droite".
Parallèlement, le patron de l'administration fiscale, Bruno Bézard, a lui aussi démenti "formellement" avoir lancé une "mission secrète en Suisse" qui lui aurait permis de savoir dès fin décembre que Jérôme Cahuzac avait bien eu un compte caché. Une telle démarche n'aurait pas été "conforme au droit ni à la pratique".
Vérifier les informations de Valeurs actuelles
Le président UMP de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Gilles Carrez, a annoncé dans un courriel qu'il se rendrait à Bercy avec son homologue du Sénat "en fin d'après-midi, afin de vérifier les informations diffusées par Valeurs actuelles".
Les présidents des commissions des Finances et les rapporteurs du budget du Parlement peuvent en effet avoir accès aux documents de l'administration fiscale, même ceux qui sont couverts par le secret.
Depuis les aveux, le 2 avril, de l'ancien ministre du Budget sur l'existence d'un compte en Suisse dont les fonds ont été transférés à Singapour en 2009, l'opposition a fait de Pierre Moscovici sa cible privilégiée, l'accusant d’avoir couvert Jérôme Cahuzac.
Avec dépêches