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Andrew Auernheimer, un hacker américain connu sous le nom de "weev", est le premier détenu à raconter sur Twitter son quotidien depuis une prison fédérale.
“Suis-je vraiment la première personne à ‘live tweeter’ mon temps de détention ? Je me sens en tout cas comme un pionnier sur l’Internet.” Andrew Auernheimer, ou @rabite sur Twitter, semble bel et bien être le premier à raconter son quotidien de prisonnier sur le célèbre réseau de microblogging. Depuis le 31 mars, cet Américain a envoyé plus de 70 messages du pénitentier Brooklyn Metropolitan Detention Center, où il purge une peine de 41 mois de détention pour s’être introduit, en 2010, sur les serveurs informatiques du géant américain des télécoms AT&T.
Le premier tweet envoyé depuis la prison de Brooklyn
I am in Brooklyn MDC and not going to be able to receive non-legal visitors, but thanks for trying.
— Andrew Auernheimer (@rabite) 31 mars 2013Sa frénésie du tweet lui permet de raconter à ses 7 000 abonnés des anecdotes, de livrer des réflexions personnelles et de répondre à des messages de soutien. “Un type dans mon quartier de détention a écopé d’une peine de 36 mois de prison parce qu’il était en possession de 28 grammes de cannabis alors qu’il était en liberté conditionnelle”, relate ainsi Andrew Auernheimer.
Il se plaint aussi de ne pas avoir accès à de la nourriture sans gluten alors qu’il souffre de la maladie cœliaque (intolérance héréditaire au gluten) et s’étonne que “le premier médecin à qui j’en ai parlé ici en prison voulait écrire cœliaque avec un ‘s’ !”. Les conditions de vie en prison lui font penser à l’œuvre de l’écrivain Franz Kafka “qui m’a appris une chose, c’est que la bureaucratie a été conçue pour détruire l’esprit humain”, écrit-il après trois jours de détention.
Hacker "immonde"
Cette initiative du “taulard” Andrew Auernheimer est d’autant plus inédite que les détenus américains dans une prison fédérale comme celle de Brooklyn n’ont pas accès à l’Internet et ne peuvent pas utiliser de téléphone portable. “Je peux uniquement envoyer des messages électroniques grâce au système TRULINCS”, explique-t-il sur Twitter.
Il s’agit d’un fonds financé par les détenus eux-mêmes qui leur permet d’envoyer des mails à leur famille ou amis. Tous les messages envoyés grâce à TRULINCS sont lus par l’administration pénitentiaire qui est donc parfaitement au courant de cette saga “twitteresque”. “Je pense qu’Andrew Auernheimer fait parvenir ses messages à quelqu’un qui les poste ensuite en son nom sur Twitter”, a expliqué Chris Burke, porte-parole du Federal Bureau of Prisons, au site américain Daily Dot.
Si cette entreprise de “live tweet” peut surprendre, elle colle bien au personnage détonnant d’Andrew Auernheimer. Il avait déjà narré en temps réel sur Twitter sa bataille judiciaire perdue contre AT&T. Avant cela, celui qui se fait appeler “weev” sur l’Internet s’était forgé la réputation d’un hacker que les médias adorent détester et qui adore faire parler de lui. Ses déclarations volontairement provocatrices ont souvent frôlé de très près le racisme et l’antisémitisme.
“C’est le plus immonde des hackers américains”, écrivait en 2010 dans le magazine "Fortune" le très influent journaliste high-tech Philip Elmer-Dewitt, en rappelant ses dérapages sur les “médias juifs” ou encore son hostilité à l’égard des immigrés. Andrew Auernheimer se défend d’être raciste ou antisémite et clame qu’il est avant tout un “troll” - un terme qui désigne sur l’Internet quelqu’un qui se fait fort d’être le plus provocateur possible pour pourrir toute discussion en ligne. Un “troll” qui a trouvé un moyen de transformer sa peine de prison en nouvelle plateforme pour faire parler de lui.