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Deux jours après l'intervention télévisée du chef de l'État, le Premier ministre français a tenu à faire le point sur les réformes et les projets de loi à venir. Le chef du gouvernement dispose depuis vendredi d'une nouvelle équipe de communication.
Après le grand oral de François Hollande jeudi soir sur France 2, c’est le Premier ministre qui assure le service après-vente. Dans un entretien accordé au "Journal du Dimanche", Jean-Marc Ayrault est revenu sur plusieurs grands sujets économiques et sociétaux abordés deux jours auparavant par le chef de l’État lors d’un entretien télévisé de 75 minutes face au journaliste David Pujadas.
Alors que François Hollande martelait, jeudi, qu’il était le président de tous les Français, Jean-Marc Ayrault, pour sa part, se qualifie de "Premier ministre socialiste", qui "assume son identité politique", et affirme "marcher main dans la main" avec François Hollande. "J'ai été associé étroitement à la préparation de cette émission", affirme-t-il désireux de rassurer sur le bon fonctionnement de leur tandem.
"Je me sens totalement solidaire et totalement associé à ce qu'il [François Hollande] fait", poursuit le Premier ministre, qui a remanié vendredi son équipe de communication à Matignon.
Désormais pour lui, "l'enjeu c'est d'assurer l'avenir de notre modèle social et républicain".
Précisions sur la nouvelle réforme des retraites
Tandis que François Hollande a annoncé, jeudi, un allongement de la durée de cotisations, le Premier ministre a promis, pour sa part que le gouvernement ne toucherait pas à l’âge légal du départ à la retraite actuellement fixé à 62 ans. La réforme à venir "traitera la pénibilité au travail, la complexité des régimes et résoudra les inégalités". "Au final, nous paierons les retraites, nous préserverons les plus petites retraites et nous pérenniserons les régimes de retraite pour les générations à venir", ajoute-t-il.
Une grande conférence sociale sur le sujet aura lieu en juin, suivie à l’automne de débats avec les partenaires sociaux.
Concernant la future loi, souhaitée par François Hollande, quant aux signes religieux dans les établissements accueillant des enfants, Jean-Marc Ayrault a expliqué qu'il "consultera les groupes parlementaires" prochainement, sans préciser de calendrier. Une annonce qui intervient après que la Cour de cassation ait remis en cause le licenciement d'une femme portant le voile, salariée de la crèche Baby loup.
L’ancien maire de Nantes a également abordé la future réforme des allocations familiales, qui seront proportionnelles au revenu. Il promet de premières mesures de simplification administrative, dès mardi, dont certaines passeront par la voie rapide des ordonnances.
Réponse aux critiques de toute part
À l’heure où la cote de l’exécutif flirte avec des records d’impopularité, Jean-Marc Ayrault en a profité, en outre, pour répondre aux critiques qui se font de plus en plus acerbes.
Au sein de l’opposition, d’abord. Aux déclarations de François Fillon disant "sentir monter une crise de régime", le chef de la majorité rétorque avec ironie : "La crise de régime, c'est la fin de la IVe République et la guerre d'Algérie. Il ne faut pas se tromper d'analyse, ni d'époque. Il y a plutôt une crise de régime à l'UMP qu'en France."
Au sein de la gauche, ensuite. "On ne peut pas avancer dans un débat démocratique par l'invective et l'hystérie permanentes, les attaques personnelles et les caricatures", a-t-il déclaré en référence aux violentes critiques de Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, qui s’est dit près à remplacer le Premier ministre au pied levé. Et ce dernier d’ajouter : "C'est manquer de respect aux Français au moment où nous avons besoin de rassembler toutes les forces du pays pour faire gagner la France."
Au sein de son propre gouvernement, enfin. En plein désaccord sur une éventuelle nationalisation du site industriel de Florange en décembre 2012, Arnaud Montebourg s’en serait pris farouchement à Jean-Marc Ayrault. "Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes", lui aurait-il lancé. Des propos confirmés par l’intéressé qui a estimé qu’une telle attaque ne méritait, toutefois, pas un renvoi. "Ce qui compte pour moi, c'est l'action de mon gouvernement pour le redressement du pays, sous l'autorité du chef de l'État. Nous sommes une équipe, nous devons jouer collectif", a-t-il simplement répondu.
FRANCE 24 avec dépêches