À la suite d'une interview accordée par François Cluzet, acteur principal du film "11.6" sur la capture du convoyeur de fonds Toni Musulin, l'ex-numéro deux de la police judiciaire lyonnaise, Michel Neyret, compte attaquer François Cluzet en justice.
Le film de Philippe Godeau, "11.6", qui raconte la traque de Toni Musulin, un convoyeur de fonds ayant détourné son propre fourgon fin 2009 à Lyon (Rhône), n'est pas encore sorti au cinéma (le 4 avril prochain), qu'il fait déjà parler de lui sur le plan judiciaire. Michel Neyret, ex-numéro deux de la police judiciaire accusé de corruption, a annoncé vouloir porter plainte contre l'acteur François Cluzet, qui incarne le fugitif. Ce qu'il lui reproche : avoir suggéré dans une interview au journal régional "Le Progrès" qu'il a "peut-être piqué le butin de Toni Musulin".
"Je vais assigner en diffamation 'Le Progrès' et François Cluzet", a déclaré Michel Neyret, dénonçant le "titre racoleur" de l'interview publiée vendredi 15 mars: "C'est peut-être Michel Neyret qui a piqué le butin de Toni Musulin !".
"C'est une attaque scandaleuse, à caractère diffamatoire. Quel que soit le ton employé, cela va nourrir l'imaginaire collectif", s'est insurgé l'ancien directeur-adjoint à la direction inter-régionale de la police judiciaire de Lyon .
Plus de deux millions d'euros envolés
Le 5 novembre 2009, Toni Musulin, incarcéré près de Lyon, s'était enfui avec un fourgon contenant 11,6 millions d'euros. Quelques jours plus tard, les enquêteurs avaient mis la main sur une partie du butin. "S'il n'a plus rien à sa sortie, c'est que Michel Neyret aura piqué son butin... (rires)", peut-on lire dans l'interview de François Cluzet, interrogé sur les plus de deux millions manquants au butin, à l'occasion de l'avant-première du film.
"Il est établi qu'au moment de la découverte du butin et de la récupération des billets, je n'étais pas à Lyon et que je n'ai pas participé au comptage. Mon nom ne figure dans aucun PV de la découverte" du butin, s'est justifié Michel Neyret auprès de l'AFP, alors que la police judiciaire (PJ) était en charge de l'enquête Musulin.
L'ancien numéro 2 de la PJ lyonnaise, poursuivi pour des faits de corruption présumée sans aucun rapport avec l'affaire Musulin, a dénoncé "l'amalgame général" auquel participent des déclarations comme celles de François Cluzet.
Avant son contrôle judiciaire, qui lui interdit notamment de se rendre dans le Rhône, Michel Neyret, qui vit en Isère voisine, a passé huit mois en détention provisoire à la prison de la Santé, à Paris.
Il a été révoqué le 7 septembre 2012 de la police nationale, la plus haute sanction possible, mettant un terme à une carrière de "grand flic", déchu pour avoir accepté des cadeaux de la part de truands.
S'il a concédé des "imprudences" en acceptant cadeaux et "faveurs" de truands en échange de renseignements, il a toujours réfuté tout enrichissement personnel.
Avec dépêches