
Un homme a été grièvement brûlé en s'immolant par le feu mardi matin sur l'avenue Bourguiba à Tunis. La victime, transportée consciente à l’hôpital, aurait, avant de passer à l'acte, clamé son exaspération contre le chômage.
Nouveau geste de désespoir en Tunisie. Un peu plus de deux ans après la mort de Mohammed Bouazizi, un Tunisien, Adel Khedri, a été grièvement brûlé en s'immolant par le feu mardi matin sur l'avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, a constaté une collaboratrice de l'AFP. Le jeune homme, vendeur de cigarettes à la sauvette, s’est enflammé face au bâtiment du théâtre municipal, selon un autre témoin.
"Voilà la jeunesse qui vend des cigarettes, voilà le chômage", a-t-il crié avant de passer à l’acte. "Dieu est le plus grand".
Des passants se sont précipités sur le jeune homme d'une vingtaine d'années pour éteindre le feu, mais l'ensemble de sa peau était calciné. Il était néanmoins conscient lorsque les secours l'ont transféré à l'hôpital. Les policiers et pompiers présents ont refusé de donner des informations sur la victime ou sur son état de santé.
L'avenue Habib Bourguiba, haut lieu de la révolution de 2011, est l'axe central de Tunis où de nombreux Tunisois gagnent leur vie en vendant des cigarettes à l'unité.
Plusieurs cas d'immolation par le feu ont eu lieu en Tunisie pendant et après la révolution de janvier 2011, qui avait été déclenchée le 17 décembre 2010 lorsque le jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi s'était immolé à Sidi-Bouzid (centre du pays) excédé par le chômage et la misère.
Les difficultés économiques et sociales étaient à l'origine de ce soulèvement qui a fait chuter le régime de Zine El Abidine Ben Ali. Mais deux ans plus tard, le chômage et la pauvreté continuent de miner la Tunisie et des violences, liées à ces difficultés, interviennent régulièrement.
Le pays est par ailleurs plongé dans une profonde impasse politique qui a été aggravée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le 6 février, dont la mort a entraîné la chute du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda.
Le nouveau Premier ministre, l'islamiste Ali Larayedh, et son cabinet doivent obtenir la confiance des députés de l'Assemblée nationale constituante mardi après-midi.
Avec dépêches