Après la mort, qualifiée de suicide, du principal accusé dans l’affaire du viol de l’étudiante indienne, une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances du décès. Les proches du défunt dénoncent un meurtre.
L'affaire échauffe les esprits. Outre la colère de la famille de l'étudiante violée le 16 décembre dernier dans un bus de New Delhi, l’annonce de la mort par pendaison dans sa cellule du principal accusé a provoqué le scepticisme de ses proches qui n'ont pas hésité à dénoncer un meurtre.
"Il ne s'agit pas d'un suicide. Il s'agit d'autre chose", a martelé l’avocat du violeur et assassin présumé, Ram Singh, V.K. Anand. "Nous ne pouvons pas exclure un meurtre. Les choses ne collent pas. (…) Je sais qu'il s'était plaint à plusieurs reprises de tortures de la part des autorités de la prison, mais il n'y avait rien de nature à l'inciter à perdre la vie", a-t-il ajouté, sans plus de précisions sur les "tortures".
Le suspect aurait fabriqué une corde avec des fils de la natte sur laquelle il dormait et se serait pendu à une grille située à 2,30 mètres de hauteur, au plafond, a expliqué le porte-parole de l’établissement pénitentiaire, ajoutant que les cellules ne disposaient pas de caméras.
Pour la famille du défunt, il s’agit tout bonnement d’un "complot". "On n'arrive pas à croire qu'il se soit suicidé, déclare un proche. Il a confessé son erreur, alors pourquoi se serait-il suicidé ? Il était prêt à recevoir toute peine que le gouvernement lui aurait infligée", a déclaré son père, Mange Lal Singh.
Selon lui, installer une corde pour se pendre était compliqué pour son fils dans la mesure où il était blessé à une main après un accident de la route. "Il n'aurait pas pu se suicider avec une seule main", a-t-il précisé, affirmant par ailleurs que deux autres détenus partageaient sa cellule.
"Faille majeure" dans la sécurité
Malgré l'annonce de l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du décès, le ministre de l'Intérieur, Sushil Kumar Shinde, a estimé ce lundi que, "selon les premiers éléments" connus, il s’agissait d’un suicide. L'évènement a cependant été qualifié de "faille majeure" dans la sécurité.
Quant à la famille de l'étudiante violée, elle a fait part de sa colère et de son indignation, évoquant une négligence des autorités. "Je ne suis pas ravi par l'annonce de son suicide car je voulais qu'il soit pendu... en public. Ça ne me semble pas juste qu'il ait pu choisir sa mort", a ainsi confié le jeune frère de l'étudiante.
Selon le père de la victime, sa mort prive également la famille du droit à la justice. "Nous ne comprenons pas comment la police a pu échouer à protéger Ram Singh. Ils savaient qu'il était l'accusé principal dans l'affaire de ma fille, dénonce-t-il. La police a échoué et je me demande ce qu'il va advenir du procès."
Ram Singh était le conducteur de l'autobus dans laquelle la victime était montée avec son compagnon après une séance au cinéma le soir du 16 décembre. En compagnie de cinq autres hommes, il est suspecté d'avoir passé à tabac le compagnon de la jeune femme avant de violer et de torturer cette dernière avec une barre de fer, puis de jeter le couple sur le trottoir. Transférée dans un hôpital de Singapour après plusieurs opérations chirurgicales en Inde, l'étudiante avait succombé à ses blessures, le 29 décembre.
Avec dépêches