L'élection du premier secrétaire du Parti socialiste a provoqué autant d'annonces contradictoires que de batailles de chiffres, avec à la clé le risque de l'éclatement. Une commission va se réunir ce lundi pour examiner les recours.
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Le parallèle avec la situation en Floride lors du décompte du scrutin présidentiel américain en 2000 est de plus en plus frappant. Samedi matin, les résultats officiels du second tour de l’élection du premier secrétaire du Parti socialiste tombaient après une nuit pleine de rebondissements : Martine Aubry bénéficiait de 42 voix d’avance sur les 134 784 suffrages exprimés. Le lendemain dans la journée, les contestations et rectifications ont été si nombreuses que les comptes sont très difficiles à tenir à jour.
Ce lundi, une commission de récolement du PS doit établir de nouveaux résultats définitifs, avant la réunion du Conseil national mardi soir. En attendant, il faut s’accrocher à sa calculette pour comprendre qui de Ségolène Royal ou de Martine Aubry a réellement gagné.
Des rectifications et des ajustements à répétition
A Lille, en Moselle et en Nouvelle Calédonie, Ségolène Royal peut espérer récolter quelques voix supplémentaires. Dans le Nord, une vingtaine de votes auraient été mal décomptés selon le camp Royal, une affirmation qui demande à être confirmée par les aubrystes.
En Moselle, la fédération du PS a reconnu elle-même une erreur d’attribution de 12 voix pour Martine Aubry, au profit de Ségolène Royal.
En Nouvelle Calédonie, les scores n’avaient pas été pris en compte dans les premiers résultats officiels de samedi matin. Il y aurait trois voix supplémentaires pour Martine Aubry, et 13 voix pour Ségolène Royal.
La maire de Lille peut également se prévaloir de voix supplémentaires. Notamment en Gironde, où la fédération du PS a reconnu officiellement une erreur de 11 voix en faveur de Martine Aubry et de 41 bulletins pour Ségolène Royal.
Selon le site internet Rue89, le décompte des voix des Français de l’étranger aurait lésé Martine Aubry de 19 voix. Reste la Guadeloupe, où les "aubrystes" voient d’un mauvais œil la hausse spectaculaire de la participation (passée de 62,96 % à 80,04 % entre le premier et le deuxième tour), qui a fortement favorisé la présidente de Poitou-Charentes.
Petite série de règlements de compte
Les deux candidates ont pris la parole samedi soir dernier. Martine Aubry pour affirmer que dès la validation du scrutin ce mardi par les instances du parti, elle serait "le premier secrétaire de tous les militants socialistes". Et Ségolène Royal pour rétorquer deux heures plus tard sur TF1 : "C'est quand même très étrange de voir une candidate à une élection s'autoproclamer élue, alors même qu'il y a actuellement un certain nombre de décomptes de voix qui sont en cours d'examen".
Les deux points de vue semblent irréconciliables. Il n’est même certain que la décision prise mardi soir par le Conseil national – où les royalistes sont minoritaires - fasse autorité. Le camp de Ségolène Royal, par l’intermédiaire du député de l’Essonne Manuel Valls et de l’avocat Jean-Pierre Mignard, a en effet menacé de porter l’affaire devant la justice. Et ce, malgré l’appel de l’actuel premier secrétaire du PS, François Hollande, "à la responsabilité de chacun et au respect de nos procédures, du vote et de nos instances".
Les risques d’éclatement du Parti socialiste sont donc réels, au point de faire dire à Benoît Hamon, candidat au premier tour du vote socialiste, rallié au second tour à Martine Aubry : "La situation devient grave voire dangereuse. Aujourd'hui, l'unité du Parti socialiste est en cause. Et son existence même."