Les États-Unis seraient sur le point de changer leur stratégie dans la crise syrienne. Washington s’apprêterait notamment à apporter un soutien logistique direct aux rebelles, ce qu'il s’était bien garder de faire jusqu'à présent.
À en croire plusieurs médias américains, la Maison Blanche serait sur le point de procéder à un revirement majeur de sa stratégie dans la crise en Syrie. Washington s’apprêterait, en effet, à fournir une aide directe aux combattants rebelles syriens et aux opposants politiques, ce qu’il s’était bien gardé de faire depuis le début du soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad, en mars 2011, parce qu'il craignait de voir des armes fournies aux insurgés tomber entre les mains de groupes djihadistes hostiles aux États-Unis ou liés à Al-Qaïda.
Le nouveau chef de la diplomatie américaine, John Kerry, l'a, lui, clairement laissé entendre, ce mercredi, lors d'une conférence de presse conjointe à Paris avec son homologue français Laurent Fabius. Le président syrien Bachar al-Assad "doit savoir qu'il ne peut pas s'en sortir par les armes, donc nous devons l'en convaincre et je pense que l'opposition a besoin de plus d'aide afin d'y parvenir", a ainsi lancé le successeur d'Hillary Clinton au département d'État.
Revirement stratégique
Ces propos semblent confirmer ce qu'écrivait quelques heures plus tôt la presse américaine. Citant des sources officielles,
le quotidien Washington Post et
la chaîne CNN affirmaient que l’administration américaine avait décidé de fournir de l’équipement "non létal" aux combattants de l'opposition syrienne, à savoir des gilets pare-balles, des véhicules blindés et du matériel de vision nocturne et de transmission. Un entraînement militaire de combattants triés sur le volet serait également envisagé, ainsi que la livraison de colis d’aide humanitaire.
Le Washington Post précisait que le secrétaire d'État, John Kerry, discuterait de ces nouvelles "propositions", à l'occasion de sa première tournée à l'étranger depuis sa prise de fonction, lors de réunions organisées cette semaine avec les alliés de Washington en Europe et au Moyen-Orient.
Ce revirement stratégique devrait, selon les médias américains, se concrétiser jeudi à l'occasion de la conférence des "Amis de la Syrie", qui se tiendra à Rome. John Kerry a, en effet, affirmé récemment que les participants à la réunion ne viendront "pas à Rome simplement pour parler" mais "pour prendre une décision sur les prochaines étapes".
Selon le Washington Post, cette nouvelle stratégie découle d’un double constat américano-européen selon lequel, d’une part, il existe peu de chance qu’un accord politique négocié avec le président Assad puisse aboutir rapidement et, d’autre part, du fait de l’incapacité de l’opposition à former un gouvernement dans un délai raisonnablement court.
Pas d'armes "létales"
Pendant l’été 2012, l’administration Obama s’était divisée sur la question d'armer ou pas la rébellion syrienne. D’après des informations publiées par le New York Times début février, Hillary Clinton, l’ancienne secrétaire d'Etat, et David Petraeus, ex-patron de la CIA, avaient alors milité en faveur d’une stratégie consistant à "soumettre les groupes rebelles à une enquête approfondie et à entraîner des combattants qui auraient été approvisionnés en armes". Mais ils s’étaient heurtés au veto du locataire de la Maison Blanche, alors occupé à assurer sa réélection pour un nouveau mandat de quatre ans.
Reconduit depuis dans ses fonctions, le président américain semble désormais enclin à infléchir quelque peu sa position. Même si, précise le Washington Post, l'administration Obama se refuse toujours à fournir directement des armes létales aux insurgés syriens.