La proposition de dialogue lancée par le chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, crée des divergences au sein de l'opposition syrienne. Sur le terrain, la banlieue de Damas a connu, mercredi, les bombardements les plus violents depuis des mois.
Depuis l'offre de dialogue lancée, le 4 février, par le chef de la Coalition nationale syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, avec le régime de Damas, le camp des opposants au régime de Bachar al-Assad semble se diviser. Le Conseil national syrien (CNS, principal mouvement d'opposition) a rejeté la proposition, refusant que la "révolution" syrienne devienne "otage de compromis internationaux".
Dans un communiqué, le CNS a affirmé que le régime tombera par les armes et non par la négociation. "Nous demandons à tous les Syriens de s'unir derrière l'ASL [l'Armée syrienne libre], d'éviter les débats politiques qui divisent et de déployer tous les efforts possibles pour soutenir les combats de la libération de Damas", peut-on lire.
Le CNS s'est également indigné des contacts inédits entre le chef de la Coalition et le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, affirmant "refuse[r] cette démarche, tant que l'Iran soutient le régime". Ahmed Moaz al-Khatib avait anticipé les critiques, refusant "que ceux qui parlent de négociations soient accusés de trahison".
La semaine dernière, Ahmed Moaz al-Khatib a proposé de rencontrer le vice-président syrien, Farouk al-Chara, pour des négociations de paix en échange de la libération de milliers de détenus politiques. "Il faut relâcher les prisonnières avant dimanche prochain. Si, ce jour-là, des informations crédibles révèlent qu'il y a encore une seule femme en prison en Syrie, je considère que le régime a refusé mon initiative", a-t-il prévenu dans un entretien accordé au service arabe de la BBC.
Pas de réaction publique de Damas
Le pouvoir à Damas n'a toujours pas réagi publiquement à l'offre, même si un quotidien proche du régime l'a jugée "insuffisante" et appelé Ahmed Moaz al-Khatib indirectement à désavouer la rébellion armée.
L'ouverture du chef de la Coalition de l'opposition a été soutenue par Washington et la Ligue arabe, mais surtout par les deux principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran. Le médiateur international Lakhdar Brahimi l'a jugée "positive".
À l'ouverture, mercredi 6 février, au Caire, du 12e sommet islamique, le président égyptien, Mohamed Morsi, a d'ailleurs appelé les factions de l'opposition syrienne à unifier leurs rangs "pour instaurer la démocratie" en Syrie, où, selon l'ONU, plus de 60 000 personnes ont péri en près de deux ans.
"Le gouvernement syrien est prêt à négocier avec l'opposition", a déclaré, à l’agence de presse égyptienne Mena, Ali Akbar Salehi, le chef de la diplomatie iranienne, pour qui les deux parties devront un jour s'asseoir autour d'une même table pour dialoguer.
De son côté, la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a fait savoir que la coalition envisageait d'avoir une représentation permanente à Washington et à New York sans pour autant se substituer au réseau diplomatique officiel, une initiative soutenue par les États-Unis.
Violents bombardements à Damas
Sur le terrain, la province de Damas a été le théâtre, mercredi, des bombardements et des combats les plus violents depuis des mois, rapporte une ONG syrienne. L'armée a lancé une "offensive totale" contre les rebelles dans la zone, a-t-elle précisé. Selon des témoins cités par l’AFP, les combats sont particulièrement violents dans les quartiers périphériques comme Qadam (Sud), Jobar et Qaboune (Est), places fortes de la rébellion.
Cette opération de l’armée syrienne fait suite aux violents combats qui avaient éclaté, le même jour, dans plusieurs quartiers de Damas, où les insurgés syriens, maîtres de certains faubourgs, ont lancé un assaut contre les forces du président Bachar al-Assad, mettant ainsi fin à plusieurs jours d'accalmie. Les forces fidèles au régime ont également été prises pour cibles dans le centre du pays, à Palmyre, où un attentat-suicide a été commis contre un bâtiment des renseignements militaires, faisant des dizaines de victimes selon l'opposition.
Les attentats-suicides se multiplient en Syrie à mesure que la révolte entamée mi-mars 2011 se militarise. Pour la plupart, ces attentats sont revendiqués par le Front djihadiste Al-Nosra, considéré par Washington comme "organisation terroriste" et dont l'influence ne cesse de croître sur le terrain. Un bilan provisoire fait état, mercredi, de 122 morts dont 32 civils.