
Au moins 65 cadavres de jeunes hommes exécutés d'une balle dans la tête ont été retrouvés à Alep, ce mardi. Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH, livre les dernières informations en sa possession. Interview.
Les corps d'au moins 65 jeunes tués d'une balle dans la tête ont été découverts, mardi 29 janvier, dans la cité syrienne d'Alep. Il s’agit de la dernière découverte macabre en date dans le pays. Le 15 janvier déjà, 106 civils, dont des femmes et des enfants, ont été retrouvés morts près de Homs (centre), dans des vergers où des déplacés s'étaient réfugiés pour échapper au pilonnage de l’armée régulière. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG proche de l’opposition qui s'appuie sur des militants et des médecins présents en Syrie, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un massacre perpétré par les forces du régime.
De son côté, Damas impute la tuerie aux rebelles. Un responsable des services de sécurité du régime a affirmé à l'AFP qu'il s'agissait de "citoyens de Boustane al-Kasr qui ont été enlevés par des groupes terroristes après avoir été accusés d'être en faveur du régime".
Ces informations contradictoires en provenance de Syrie restent difficiles à confirmer en l'absence de sources indépendantes dans le pays.
Joint au téléphone par FRANCE 24, Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH, livre les dernières informations en sa possession.
FRANCE 24 : Avez-vous plus de précisions sur l’ampleur de ce massacre ?
Rami Abdel Rahman : Selon nos informations, jusqu’à présent, au moins 65 cadavres ont été retrouvés à Boustane al-Kasr, un quartier d’Alep. Majoritairement habillés en civil et âgés d'une vingtaine d'années, ils ont été exécutés d'une balle dans la tête et avaient les poings liés derrière le dos. La recherche de corps se poursuit, des sources sur le terrain nous indiquent que le bilan pourrait s’élever à 80 morts.
Quel est le profil des victimes ?
R. A. R. : Le quartier de Boustane al-Kasr est sous le contrôle de la rébellion. Toutefois, les corps ont été retrouvés dans une rivière nommée Qouweiq qui sépare Boustane al-Kasr et Ansari, un autre quartier tenu par les rebelles. Ils ont donc pu être tués plus loin que l’endroit où ils ont été retrouvés, avant que leurs corps soient jetés à l’eau.
Vous sous-entendez qu’elles ont été exécutées par le régime du président Bachar al-Assad ?
R. A. R. : Ce massacre est le énième d’une série en cours dont la responsabilité incombe à la communauté internationale, qu’il ait été commis par l’armée syrienne ou les services de renseignements du régime d’Assad. Ce dernier vit sur une autre planète, puisqu’il affirme qu’il contrôle la Syrie, alors que son armée est en train de tuer le peuple et de détruire le pays. Pendant ce temps, la communauté internationale ne cesse de promettre aux Syriens qu’elle va les aider, sans rien faire. Par conséquent sa responsabilité est engagée.