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Obama nomme le républicain Chuck Hagel à la tête du Pentagone

Barack Obama a nommé le républicain Chuck Hagel à la tête du Pentagone pour succéder à Leon Panetta. Cette nomination est loin de faire consensus, même au sein de son propre camp qui lui reproche ses critiques à l'égard d'Israël.

Barack Obama a nommé lundi 7 janvier son conseiller pour la lutte antiterroriste John Brennan à la tête de la CIA et le républicain Charles Timothy "Chuck" Hagel à la tête du ministère de la Défense pour succéder à Leon Panetta. Lors d'une cérémonie à la Maison Blanche, le président américain a longuement fait l'éloge des deux promus et invité instamment la Chambre haute du Congrès à entériner rapidement ces choix. "J'espère que le Sénat agira rapidement pour [les] confirmer. Quand il s'agit de sécurité nationale, on n'aime pas que la transition traîne en longueur. Il faut donc avancer vite en la matière", a-t-il dit.

Chuck Hagel est "le leader que nos soldats méritent", a assuré le président. "C'est un patriote américain. Il s'est engagé dans l'armée et a été volontaire pour aller au Vietnam", a rappelé Barack Obama à propos de l'ancien sénateur du Nebraska.

Mais la confirmation du Chuck Hagel par le Sénat risque bien de faire des remous. La désignation de cet homme à l’esprit indépendant, peu adepte des discours politiquement corrects, provoque une vive controverse au sein de la classe politique américaine malgré les tentatives de Barack Obama pour rassurer les uns et les autres..

"J’ai travaillé avec Chuck Hagel, je le connais, a assuré Barack Obama, interrogé par la chaîne NBC la semaine dernière. C’est un patriote. C’est quelqu’un qui a fait un travail extraordinaire au Sénat, quelqu’un qui a servi son pays avec courage au Vietnam." Pourtant, malgré les propos dithyrambiques du président américain, Chuck Hagel est loin de faire l’unanimité jusqu’au sein de son propre camp, où il est considéré comme un franc-tireur.

L’homme de 66 ans, sénateur du Nebraska pendant huit ans et actuellement coprésident du Comité consultatif sur le renseignement, s’est effectivement distingué à plusieurs reprises. Il a, notamment, tenu des propos homophobes en 1998 pour lesquels il s’est excusé en décembre dernier, mais a aussi dénoncé l’intimidation exercée par les lobbies juifs sur les politiciens américains. Chuck Hagel s’est, par ailleurs, toujours ouvertement opposé aux sanctions unilatérales contre l’Iran ou contre la Corée du Nord.

"Le secrétaire à la Défense le plus antagoniste à l’égard d’Israël"

"Hagel sera le secrétaire à la Défense le plus antagoniste à l’égard de l’État israélien dans l’Histoire de notre nation", a réagi sur CNN le sénateur républicain Lindsey Graham. "Non seulement il estime que nous devrions négocier directement avec l’Iran, que les sanctions ne fonctionnent pas, mais il dit également qu’Israël devrait négocier avec le Hamas, une organisation terroriste qui lance des milliers de roquettes sur l’État hébreu."

L’homme fait si peu consensus que même Mitch McConnell, numéro un du groupe républicain au Sénat, a refusé, dimanche, de dire s’il appuierait le nom de Chuck Hagel à ce poste. Car sa nomination doit encore être approuvée par la chambre haute du Congrès pour être validée. Les débats risquent d’être houleux. Chuck Hagel devrait notamment subir un interrogatoire pointu sur ses positions concernant les questions israéliennes et iraniennes. "N’importe quel candidat à ce poste doit avoir une parfaite compréhension de la relation de proximité entre les États-Unis et Israël et de la menace iranienne", a encore estimé Mitch McConnell.

Lundi, Barack Obama a également nommé le prochain directeur de la CIA, qui succèdera à David Petraeus, poussé à la démission à la suite de révélations sulfureuses sur sa vie privée. Il s'agit de John Brennan, actuellement conseiller anti-terroriste à la Maison Blanche.

En réponse aux critiques qui lui ont été adressées, Chuck Hagel a pour sa part assuré Israël de son "soutien total" dans le cadre d’un entretien accordé au journal local du Nebraska d, le Lincoln Journal Star. Il n'y a "pas la moindre preuve que je sois anti-israélien, pas le moindre vote de ma part au Sénat qui aurait pu causer du tort à Israël", a-t-il ajouté.