Au deuxième jour de sa visite en Angola, le pape Benoît XVI a appelé les catholiques à travailler à la conversion des adeptes de sorcellerie, nombreux dans cette région d'Afrique, et à abandonner les sectes évangéliques.
REUTERS - Benoît XVI a exhorté samedi les catholiques angolais à renoncer à la sorcellerie et à ramener au bercail "les brebis égarées" dans les sectes évangéliques qui prolifèrent dans cette ancienne colonie portugaise d'Afrique centrale.
Le pape bavarois, qui à 81 ans a montré des signes de fatigue dans la chaleur moite de Luanda, a célébré une messe pour des milliers de fidèles rassemblés dans une église, des milliers d'autres attendant dehors.
Dans son homélie, il a invité son auditoire à tendre la main à ceux qui continuent de croire à la sorcellerie et aux fétiches.
"Tant d'entre eux vivent dans la crainte des esprits, de pouvoirs pernicieux et menaçants. Dans leur aveuglement, ils arrivent même à condamner les enfants des rues et les anciens en les traitant de féticheurs", a expliqué le pape.
L'an dernier, la police angolaise avait secouru une quarantaine d'enfants enfermés dans une maison par deux sectes religieuses après avoir été accusés par leurs propres familles de se livrer à la sorcellerie. Les gourous des sectes incriminées avaient été par la suite interpellés.
Les croyances dans les esprits vont en Angola bien au-delà des sectes religieuses.
Selon des défenseurs des droits de l'homme, de nombreux enfants abandonnés sont accusés de sorcellerie, notamment en brousse, parce qu'ils seraient censés posséder des pouvoirs occultes.
La prolifération de sectes évangéliques pose un grave problème à l'Eglise catholique angolaise depuis la fin de la guerre civile en 2002.
Leur nombre est passé de 50 en 1992, date à laquelle le régime a officiellement abandonné la doctrine marxiste, à 900 aujourd'hui, à en croire l'Institut national angolais sur la religion.
Pour les experts, les sectes attirent les Angolais en raison de leurs rituels intenses, qui puisent jusque dans les croyances africaines traditionnelles. Certaines de ces sectes promettent la fin immédiate des souffrances dans un pays certes riche en pétrole, mais dont la majorité de la population demeure très pauvre.
Dans son homélie, Benoît XVI a exhorté les catholiques à ramener au bercail les "brebis égarées" de l'Eglise en leur expliquant que "le Christ a triomphé sur la mort et sur tous ces pouvoirs occultes".
La lutte contre la corruption est l'un des principaux thèmes du premier voyage du pape en Afrique, qui a débuté mardi au Cameroun.
Vendredi soir, s'adressant aux dirigeants luandais et aux diplomates en poste à Luanda, il a exhorté les Africains à débarrasser leurs pays du double fléau de la corruption et de la violence et de soutenir la liberté des médias pour transformer vraiment le continent.
L'Angola, pays ravagé par une longue guerre de libération suivie d'une terrible guerre civile, figurait en 2008 au 158e rang sur 180 du classement des pays perçus comme les moins corrompus de la planète réalisé par l'ONG indépendante Transparency International.
Samedi soir, Benoît XVI a présidé un rassemblement de dizaines de milliers de jeunes dans un stade de la capitale parmi lesquels figuraient de nombreuses victimes de mines.
"Je pense aux innombrables larmes versées pour la perte de vos amis et parents", a déclaré le pape en remarquant les jeunes gens mutilés.
L'Angola est l'un des pays de la planète au sous-sol le plus truffé de mines non explosées, douloureux héritage de la guerre d'indépendance et de la guerre civile. On estime à 80.000 le nombre d'Angolais mutilés par des mines et à plus de deux millions ceux dont les vies ont été affectées, d'une manière ou d'une autre, par ce phénomène.