Désigné à la tête du Parti démocrate, Pier Luigi Bersani fait figure de favori pour la présidence du Conseil italien en 2013. La gauche compte en tout cas sur lui pour revenir au pouvoir après les années Berlusconi et la parenthèse Monti.
Le centre-gauche italien a trouvé son homme. Pier Luigi Bersani, 61 ans, a été largement élu, dimanche 2 décembre, avec 60,8 % des voix, à la primaire du Parti démocrate (PD) italien en vue des élections générales du printemps 2013. Face à lui, le jeune et pimpant maire de Florence, Matteo Renzi, 37 ans, n’a obtenu que 39,1 % des suffrages, échouant donc dans ses velléités de "rottamattore", c’est-à-dire "mettre à la casse les caciques du parti".
Tout au long de la campagne, Pier Luigi Bersani est apparu en homme flegmatique et calme, tranchant singulièrement avec son fougueux adversaire ainsi qu’avec celui qui a dominé la vie politique italienne pendant 17 ans, Silvio Berlusconi. "De ces primaires sort un leader fort, légitimé par le vote de trois millions d’Italiens qui croient en la démocratie et veulent une bonne politique", commentait lundi La Repubblica, quotidien italien de centre-gauche.
Le Parti démocrate a le vent en poupe
Pendant près de 20 ans, la gauche est apparue divisée, incapable de présenter un candidat convainquant face à Silvio Berlusconi. Mais, désormais, le Parti démocrate a le vent en poupe. Il a d’abord brillamment réussi sa primaire, dans une atmosphère sereine que l’UMP française pourrait lui envier – le candidat malheureux a félicité avec chaleur son adversaire qui, lui-même, a loué la "présence forte et rafraîchissante" de son rival. Et depuis quelques semaines, le PD caracole en tête dans les sondages.
Face à lui, son adversaire traditionnel, le PDL, parti de centre-droit, apparaît désormais étêté, Silvio Berlusconi laissant planer le doute sur son retour en politique pour les élections de 2013. D’autre part, l’actuel président du Conseil, Mario Monti, sans étiquette politique, ne devrait pas se présenter aux scrutins du printemps prochain, malgré les spéculations sur sa participation à une coalition de centre-droit. Un boulevard vers la présidence du Conseil semble donc s’ouvrir donc pour Pier Luigi Bersani.
Le Palais Chigi en ligne de mire
"Le choix de Bersani d’affronter le risque d'une primaire, en faisant plier les résistances conservatrices dans l’establishment du parti fait de lui un candidat de poids à la présidence du Conseil", estime ainsi Il Corriere della Sera, quotidien de centre-droit. "Vu la situation désastreuse du centre-droit, Bersani peut viser le Palais Chigi [présidence du Conseil, ndlr]. Mais pour durer et avoir de la crédibilité en Italie, et dans le monde, il ne pourra pas céder à ceux qui considèrent l’expérience de Monti comme une reddition au capitalisme."
Car malgré les sondages qui lui sont défavorables, l’actuel chef du gouvernement, Mario Monti, jouit de soutiens non négligeables, notamment auprès d’une droite en mal de leader, des catholiques, du patronat et des financiers. Ainsi, à chaque fois que son départ est évoqué, les Bourses paniquent. Plusieurs scénarii complexes visant à le reconduire à la tête du Conseil des ministres voient d’ailleurs le jour. Le patron de Ferrari, Luca di Montezemolo, a ainsi lancé, mi-novembre, un nouveau mouvement, Italia Futura, pour "créer la base électorale qui manque pour la réélection de Mario Monti".
Pier Luigi Bersani va devoir jouer un coup de poker audacieux au cours des prochains mois car il semble peu probable qu’il parvienne à construire une majorité sans coalition. Il va devoir séduire à la fois les centristes de l’Union de centre (UDC) et l'aile gauche de son parti qui l'avait soutenue lors des primaires.