Malgré l’intervention, dimanche, d’hélicoptères d’attaque de l'ONU, les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) sont entrés dans la principale ville de l'est de la RD Congo, où ils ont été accueillis sous les applaudissements de certains habitants.
Mardi 20 novembre, les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) ont pris d’assaut la ville de Goma, la capitale régionale du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), après des affrontements avec les membres de la Garde républicaine congolaise. Sous le regard des soldats de la Monusco (Mission de l'Onu pour la stabilisation en RDC), qui affirment avoir toujours le contrôle de l’aéroport de la ville, ils se sont également emparés de deux postes-frontières avec le Rwanda. L’armée régulière, épaulée par l’ONU, s’est, quant à elle, repliée dans la ville de Saké, à une vingtaine de kilomètres de Goma.
Réclamant le maintien de leurs privilèges acquis lors des accords de 2009 qui leur garantissaient des postes de hauts gradés au sein de l’armée, les mutins du M23, pour la plupart des Tutsis issus du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), ont mis fin à une trêve instaurée entre les deux parties en juillet.
"Le M23 parade dans la rue principale de Goma"
Le M23 n’a pas rencontré de franche opposition dans les rues de la grande ville de l’est. "Les gens sont sortis par milliers. Le M23 parade dans des voitures sur la rue principale et des habitants les applaudissent", témoigne l’envoyée spéciale de FRANCE 24 en RDC, Mélanie Gouby.
À l’image du général Sultani Makenga, chef d'état-major des forces rebelles du M23, qui a parcouru la ville en voiture, accompagné d’une escorte.
Certains Congolais semblent soulagés de l’arrivée des rebelles, symbole d’accalmie dans la ville, selon la journaliste. "Certains habitants souhaitent la bienvenue au M23 car, selon eux, le gouvernement les a lâchés."
Mais des coups de feu ont également été entendus, en provenance des quartiers du centre de la ville. Des affrontements seraient toujours en cours dans la partie ouest de la capitale du Nord-Kivu, selon l'AFP. D’après des habitants, des militaires des FARDC, l’armée régulière, se seraient par ailleurs livrés à des pillages dans le quartier Katindo, situé dans le sud de la ville, avant de quitter les lieux. Le porte-parole militaire du M23, le colonel Vianney Kazarama, a lancé un appel dans l’après-midi sur la radio locale pour demander aux militaires et policiers en poste à Goma de se rendre.
itContrôle de postes-frontières
Devant l’intensité des combats, le président congolais, Joseph Kabila, a lancé depuis Kinshasa, ce mardi, un appel "au peuple ainsi qu'à toutes les institutions" à se mobiliser contre l'agression, imputée par la RDC au Rwanda voisin. "Je demande la participation de toute la population à défendre notre souveraineté", a-t-il dit.
Les rebelles du M23 ont pris le contrôle des deux postes-frontières avec la ville rwandaise voisine de Gisenyi, a constaté une journaliste de l'AFP. Une zone-clé en raison des relations tendues entre la RDC et Kigali. Le génocide rwandais de 1994, qui a fait 800 000 morts, essentiellement des Tutsis, a, en effet, débordé sur la RDC voisine et plus particulièrement l’est du pays, où des rebelles hutus rwandais se sont rendus responsables d’exactions. Selon un rapport des Nations unies, le M23 est soutenu activement par le Rwanda et l'Ouganda. Kigali a reconnu par le passé avoir appuyé des rébellions dans le but officiel de protéger les victimes tutsies du génocide rwandais, mais se défend de tout soutien au M23. Dans la journée, le Rwanda a évoqué un échec de l’ "option militaire" en RDC et appelé à un "dialogue politique".