Chef des opérations militaires de la branche armée du Hamas, Ahmad Al-Jaabari a été tué dans un raid israélien à Gaza. Cette figure du mouvement islamiste avait joué un rôle déterminant dans la libération du soldat israélien Gilad Shalit.
Ahmad Jaabari, tué mercredi à Gaza par un raid israélien, était le chef des opérations militaires du Hamas, l'un des hommes les plus secrets du mouvement islamiste palestinien, sorti brièvement de l'ombre lors d'un échange de prisonniers il y a un an.
A la surprise générale, il s'était laissé filmer le 18 octobre 2011, vêtu en civil, ses lunettes dans la poche de sa chemise, sortant le soldat israélien Gilad Shalit du véhicule qui l'amenait et le remettant de sa main aux officiers du renseignement égyptien.
De taille moyenne, Ahmad Jaabari, 52 ans, portant barbe noire et cheveux courts, est issu d'une famille nationaliste militante respectée du quartier de Chajaïya, dans l'est de la ville de Gaza.
Déterminé dans ses choix et suivant personnellement les dossiers, il n'était "pas aussi strict que certains le pensent", avait témoigné à l'AFP Abou Houdhaïfa, un de ses proches depuis une quinzaine d'années.
Son choix de livrer en personne le soldat Shalit à l'Egypte, avec laquelle il a négocié l'échange de prisonniers, montrait sa volonté "d'accomplir lui-même cette mission délicate, dont il a suivi les moindres détails", expliquait Abou Houdhaïfa.
Diplômé en histoire de l'Université islamique de Gaza, Ahmad Jaabari a été arrêté par Israël en 1982, alors qu'il militait au Fatah, le mouvement nationaliste palestinien, dont le Hamas est le grand rival.
C'est en prison, où il passe 13 ans pour avoir préparé des opérations contre Israël, qu'il rejoint le Hamas, dont il rencontre les principaux dirigeants, Abdelaziz Rantissi, Ismaïl Abou Chanab, Nizar Rayyane et Salah Chéhadé.
Ce dernier, devenu chef de la branche armée du mouvement, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a été tué lors d'un raid aérien israélien en juillet 2002 et remplacé par Mohammad Deïf.
Officiellement lieutenant de Mohammad Deïf, Ahmad Jaabari était connu comme "le général", ou "le chef d'état-major" dans les rues de la bande de Gaza, où l'on pouvait parfois le voir marcher seul, puis brusquement disparaître.
"Il se déplace très prudemment, sans escorte ni convoi", selon Abou Abdallah, un ami, en usant d'un pseudonyme. "Il s'entoure des plus grandes précautions face à tout ce qui pourrait représenter un risque, même une chance sur un million, et n'a pas de téléphone portable", précisait-il, voyant dans cette prudence "le secret de son succès et de sa longévité.
En 1997, Ahmad Jaabari appartenait au parti Khalas, lié au Hamas.
Ses activités aux côtés de Salah Chéhadé et Mohammad Deïf lui ont valu d'être arrêté en 1998 par la Sécurité préventive palestinienne et détenu pendant près de deux ans.
En 2003, il est devenu de fait le chef exécutif de la branche armée du Hamas à la suite d'un raid israélien au cours duquel Mohammad Deïf a été blessé.
Lui-même n'a pas été épargné par les tentatives d'assassinat israéliennes, dont un raid aérien en 2004, qui a coûté la vie à son fils aîné, son frère et plusieurs de ses cousins.
Lors du déclenchement de la deuxième Intifada en 2000, Ahmad Jaabari a largement contribué à la professionnalisation des Brigades Ezzedine al-Qassam, selon Aymane Taha, un dirigeant du Hamas.
Il a également joué un rôle déterminant dans la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas au détriment du Fatah en juin 2007.
Membre de la direction politique du Hamas, et président de l'association "Nour", qu'il a fondée, consacrée "aux martyrs et aux prisonniers", il a été élu au bureau politique de 15 membres du Hamas à Gaza, au cours du renouvellement de la direction du mouvement cette année.
Il est marié à deux femmes, dont la fille de son mentor Salah Chéhadé.
AFP