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Succès de librairie, la suite du "Petit Prince" divise les lecteurs

, correspondant à Buenos Aires – Alejandro Roemmers (photo), un poète argentin, a décidé d’écrire la suite du "Petit Prince", le classique d'Antoine de Saint-Exupéry. Intitulé "Le Retour du jeune prince", son livre s'est déjà vendu à 50 000 exemplaires en Argentine.

En pleine steppe patagonienne, un homme rencontre un adolescent désespéré. Il s’agit du petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry, de retour sur Terre, cette fois en Amérique du Sud. Ce tour de magie, on le doit à Alejandro Roemmers, 49 ans, héritier des plus grands laboratoires pharmaceutiques argentins.

La lubie de cet entrepreneur à succès, c’est l’écriture. Il a commencé à 16 ans et, après avoir gagné le prestigieux prix Sial, est devenu président de l’association américaine de poésie.

"Le Retour du jeune prince" a été écrit en 2000, mais sa diffusion est restée privée pour des questions de droits d’auteur. Huit ans plus tard, l’édition est arrivée entre les mains de la famille de Saint-Exupéry. Et Roemmers a obtenu la bénédiction de Frédéric d’Ageay, le petit-neveu de Saint-Exupéry et président de la fondation homonyme. "Il appartenait à un Argentin de nous offrir sa vision du "Petit Prince". Car l’Argentine a imprégné l’œuvre de mon ancêtre, qui travaillait pour l’aéropostale. Là-bas, il est connu et aimé. Les Argentins le considèrent comme l’un des leurs et son héros est né chez eux", écrit-il dans la préface du livre.

Les réactions des lecteurs de cette suite sont mitigées. Beaucoup s’en réjouissent et rappellent que le pilote, dont l’avion s’est écrasé dans le désert quand le petit prince descend de l’astéroïde B 616, souhaitait à la fin du livre revoir un jour son ami.

D’autres plus critiques soulignent que "Le Petit Prince" – l’original – "n’est pas connu pour offrir des réponses. Au contraire, il ne cesse de poser des questions", peut-on lire sur le site du quotidien La Nacion. Utiliser Saint-Exupéry comme rampe publicitaire, c’est un peu ignorer les enseignements du chapitre où il rencontre le renard. Avec ce nouveau livre, l’essentiel saute aux yeux." Plus sarcastiques, certains s’attendent déjà à voir le livre "en tête des gondoles de librairies bon marché, à côté des œuvres de Paulo Coelho."
 


Entretien avec Alejandro Roemmers,  "un homme à succès", comme il se définit lui-même…

FRANCE 24 - L’homme que rencontre le petit prince, c’est vous ?

Alejandro Roemmers - Sûrement !… Mais je me retrouve dans les deux personnages. Le jeune prince, c’est moi en plus jeune. Un peu déprimé. En recherche de soi et en route pour la joie. Et cet homme qui le recueille, qui veut le protéger, c’est aussi moi… Qui, au final, en apprend beaucoup plus sur lui-même grâce à cette rencontre.


Pourquoi écrire une suite du "Petit Prince" ?

Il ne s’agit pas de la même histoire, il n’y a pas de continuité dans la narration. C’est juste une continuité spirituelle. J’avais envie d’approfondir le message de Saint-Exupéry, de restaurer certaines valeurs : avancer sans préjuger, ne pas se conformer, ne pas se laisser porter par les autres, être conscient de ses possibilités pour se surpasser.


Vous sentez-vous porteur du même message que Saint-Exupéry ?

Les deux personnages dissertent des questions existentielles qui nous animent tous. J’espère offrir quelques réponses à celui qui se demande comment réagir dans un monde plus cruel, plus égoïste qu’avant.

Aussi, je voulais partager mes succès. Je suis quelqu’un qui réussit tout ce qu’il entreprend. Mais, je ne voulais pas écrire un livre de croissance personnelle… Plutôt décrire un voyage spirituel du quotidien jusqu’au transcendantal, à la plénitude. Moi j’y suis arrivé. J’ai écrit ce livre en neuf jours. J’en suis ressorti dans un état d’exaltation bouddhique.


Un hommage à Saint-Exupéry… Et des retombées commerciales évidentes ?

Sans le soutien de la fondation, je n’aurais pas bénéficié du même élan. C’est évident. Et si je suis en tête des ventes en Argentine, avec 50 000 exemplaires vendus depuis novembre, c’est grâce à Saint-Exupéry.