logo

Les Espagnols, les Portugais, les Grecs ou encore les Italiens se mobilisent mercredi à l'occasion d'une "journée européenne d'action et de solidarité" contre les politiques d'austérité "qui prolongent et accentuent la crise économique et sociale".

L’Europe se mobilise en ce mercredi 14 novembre. L'opposition aux politiques d'austérité s'organise en Espagne et au Portugal où la grève générale a été déclarée. Pas de grève générale en revanche en Italie, en Grèce et en France où sont seulement prévus des arrêts de travail de quelques heures.

it
Les premières conséquences de la grève générale à Madrid se font déjà sentir

"À semer l'austérité, on récolte la récession, l'augmentation de la pauvreté et l'angoisse sociale", a déclaré Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui coordonne la mobilisation. Et d’ajouter, "dans certains pays, l'exaspération atteint son comble. Des solutions urgentes doivent être prises pour relancer l'économie et non l'asphyxier par l'austérité."

Selon Fernando Toxo, qui dirige les Commissions ouvrières (CCOO), la principale centrale syndicale espagnole, l’Europe vit "un moment historique du mouvement de construction de l'Union européenne".

"La première grève ibérique de l'histoire sera un grand signal de mécontentement"

En Espagne, où le chômage touche un quart de la population active, le rejet de la rigueur mise en œuvre par le gouvernement de Mariano Rajoy a franchi un degré supplémentaire après l'émoi provoqué par le suicide d'une femme de 53 ans qui ne pouvait plus rembourser son emprunt immobilier. Amaya Egana s'est défenestrée.

Depuis l'explosion de la bulle immobilière en 2008, près de 400 000 logements ont fait l'objet de saisie à la demande des banques espagnoles, qui ont bénéficié d'un plan de soutien financé par de l'argent public.

"Nous allons manifester parce qu'ils ignorent les droits du peuple. Des gens sont expulsés de chez eux, et ils augmentent nos impôts", s'indigne Sandra Gonzalez, étudiante de 19 ans à l'université Complutense de Madrid. La journée de mobilisation devrait culminer en fin d'après-midi à Madrid, où une manifestation est programmée.

Au Portugal, qui a négocié l'an dernier un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros, la population n'a pas manifesté la même colère qu'en Espagne, mais l'opposition à l'austérité va croissante.

"La première grève ibérique de l'histoire sera un grand signal de mécontentement mais aussi un avertissement aux autorités européennes", prévient Armenio Carlos, qui dirige le syndicat CGTP.

Seuls 20 % des trains inter-cités et un tiers des trains de banlieue devraient circuler en Espagne. À Lisbonne, le métro restera fermé et seuls 10 % des trains circuleront dans le cadre d'un service minimum ordonné par les tribunaux. Dans le transport aérien, plus de 600 vols ont été annulés en Espagne, affectant principalement les compagnies Iberia et Vueling. La compagnie aérienne portugaise TAP a annulé elle environ 45 % de ses vols.

Une centaine de manifestations et rassemblements en France

Plus de 130 manifestations et rassemblements sont prévus mercredi en France à l'appel de cinq syndicats, en écho à la journée de mobilisation européenne contre l'austérité. "C'est la première fois dans l'histoire de l'Europe qu'aura lieu une mobilisation d'une telle ampleur simultanément dans nombre de pays", se félicite la CGT.

À Paris, le cortège partira en début d'après-midi de Montparnasse (14e) vers l'École militaire (7e). Il s'agit de la première mobilisation unitaire CGT/CFDT depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir. Bernard Thibault et François Chérèque défileront côte à côte dans la capitale.

Pour le président François Hollande, "ces manifestations ne vont pas mettre en cause notre politique, mais plutôt la soutenir". Lors de sa conférence de presse le 13 novembre, il a souligné aussi que le nombre de chômeurs allait continuer à croître de façon "continue pendant un an".

Le reste de l'Europe perturbé

En Italie, la CGIL, premier syndicat du pays, a appelé à des arrêts de travail de plusieurs heures. En Grèce, les syndicats du public et du privé ont demandé trois heures d'arrêt de travail en solidarité avec le mouvement espagnol et portugais. La police d'Athènes s'attend à des milliers de manifestants.

Des manifestations auront lieu dans certains pays de l'Est et des actions symboliques sont prévues en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas, notamment, précise la CES dans un communiqué.

Une action spécifique est prévue à Bruxelles avec un tour des ambassades par les responsables des syndicats, et un rassemblement devant le siège de la Commission européenne.


FRANCE 24 avec dépêches