
Lors de sa première intervention à la Maison Blanche depuis sa réélection, le président américain Barack Obama a insisté sur la nécessité d'augmenter les impôts pour les plus riches afin de parvenir à une réduction du déficit.
Barack Obama a exigé que les Américains les plus aisés acquittent davantage d'impôts pour lutter contre le déficit, profitant de sa première intervention à Washington depuis sa réélection pour poser des jalons avant d'entamer des négociations avec le Congrès.
Le président, reconduit mardi à la tête des Etats-Unis pour quatre années, a annoncé qu'il allait inviter les chefs de file démocrates et républicains du Congrès à des discussions la semaine prochaine afin de trouver les moyens de sortir de l'impasse budgétaire avant fin décembre.
Se profile en effet début janvier le "mur budgétaire", entrée en vigueur automatique --sans accord au Congrès sur un plan de réduction de la dette-- de coupes budgétaires et de hausses d'impôts pour tous les ménages américains.
Les économistes ont mis en garde contre cette austérité brutale qui risque de faire retomber l'économie dans la récession, alors que la croissance est encore anémique.
M. Obama s'est voulu ferme, assurant que "nous ne pouvons pas simplement couper dans les dépenses pour revenir à la prospérité. Si nous voulons sérieusement réduire le déficit, il nous faut combiner des coupes avec des recettes, cela veut dire qu'il faut que les Américains les plus riches paient un peu plus d'impôts".
Le président a aussi estimé que sa nette victoire contre le républicain Mitt Romney montrait que les Américains avaient soutenu sa conception en la matière.
"Mardi soir, il s'est avéré que la majorité des Américains étaient d'accord avec mon approche", a-t-il affirmé lors de cette intervention où il est apparu énergique, deux jours après avoir laissé échapper des larmes face à son équipe au lendemain de sa réélection.
itPossible accord sur les niches fiscales
"Que ce soit clair. Je ne suis pas attaché à tous les détails de mon projet. Je suis ouvert aux compromis", a assuré M. Obama. Mais "je refuse toute approche qui ne serait pas équilibrée" entre baisse des dépenses et hausse des recettes, a-t-il expliqué.
Le président a aussi indiqué qu'il refuserait de "demander aux étudiants et à la classe moyenne de rembourser tout le déficit alors que des gens comme moi, qui gagnent plus de 250.000 dollars (par an), ne se voient pas demander de payer un sou d'impôts de plus".
Son porte-parole, Jay Carney, a ensuite répété que le président opposerait son veto à toute proposition de loi comprenant la prolongation des cadeaux fiscaux pour les plus riches, hérités de son prédécesseur George W. Bush.
M. Obama se retrouve dans la même situation politique qu'avant les élections: une Chambre des représentants contrôlée par ses adversaires républicains et un Sénat aux mains de ses alliés démocrates.
Plus tôt vendredi, le président républicain de la Chambre, John Boehner, avait réitéré son opposition à toute hausse d'impôts sur les ménages les plus aisés, estimant qu'"augmenter les impôts ralentirait notre capacité à créer les emplois que tout le monde veut créer".
Bien qu'opposé à des hausses des taux d'imposition, le républicain a souligné qu'il était favorable à une refonte du code fiscal qui pourrait permettre un élargissement de l'assiette fiscale et la suppression de niches, un possible point d'accord avec M. Obama.
Ce dernier avait déjà essayé sans succès de faire disparaître notamment les avantages fiscaux accordés aux compagnies pétrolières et gazières. Le Sénat avait voté en leur faveur, mais la Chambre n'avait pas donné suite.
Les négociations pourraient rester âpres entre les deux partis, qui se sont déjà affrontés à de multiples reprises depuis que les républicains ont conquis la Chambre il y a deux ans.
Une de ces crises aiguës pendant l'été 2011 avait même failli donner lieu à une cessation de paiements des Etats-Unis et a coûté au pays une dégradation de la note de sa dette par l'agence Standard and Poor's.
AFP