Des centaines de milliers d'Argentins ont manifesté jeudi à Buenos Aires mais aussi à New York, Paris, Rome ou encore Madrid contre un possible amendement de la Constitution qui permettrait à Cristina Kirchner d'effectuer un troisième mandat.
Les Argentins ont manifesté massivement, jeudi soir, à travers le pays au bruit des casseroles contre une nouvelle réélection de la présidente Cristina Kirchner, l'insécurité et la corruption, à l'appel de groupes actifs sur les réseaux sociaux.
"Oui à la démocratie, non à la réélection", lançaient des manifestants qui gagnaient en même temps les rues des principales villes du pays, dont Rosario (centre-est), Cordoba (centre), Mendoza ou Bariloche (ouest), dénonçant aussi l'insécurité ou la corruption et agitant des drapeaux argentins.
Les principaux quotidiens, La Nacion et Clarin, tous deux critiques du gouvernement, estimaient que "des centaines de milliers" d'Argentins s'étaient mobilisés dans le pays.
"Je n'aime pas certaines attitudes du gouvernement et notamment l'autoritarisme de Cristina", a dit à l'AFP Federico Chelli, un étudiant de 20 ans. "Elle ne peut pas faire n'importe quoi sous prétexte qu'elle a obtenu 54 % des voix", a-t-il ajouté.
"Nous exportons de la viande et du soja, mais le taux de change nous tue", s'est plaint Vincenzo Guarino, 65 ans, "dans l'export depuis 42 ans".
Un peu plus loin, une femme portait un panneau qui disait : "Je ne veux pas vivre dans la peur".
"Assez de corruption", "Sauvons la République", "Une justice indépendante", pouvait-on lire sur des banderoles au-dessus d'une foule compacte qui avançait vers l'obélisque en plein cœur de la capitale.
De temps en temps, on entendait chanter l'hymne national.
"La présidente doit nous écouter : nous ne voulons pas d'une nouvelle réélection", a dit à l'AFP Nora Perez, 60 ans. "Les gens ont perdu la culture du travail et veulent vivre d'allocations", a-t-elle déploré.
Une autre femme, Sara, 65 ans, parlait de "résistance". "Nous résistons au mépris", a-t-elle dit, ajoutant: "Il n'y a pas de vrai travail: les gens qui habitent en banlieue de Buenos Aires n'arrivent pas à sortir de la pauvreté".
"Je suis là car trop de jeunes meurent (victimes de la délinquance) et parce que le gouvernement est corrompu", a dit à l'AFP une femme retraitée de 62 ans qui n'a voulu donner que ses initiales: A.M.E.
Des Argentins ont manifesté le même jour à travers le monde, notamment à New York, Washington, Paris, Rome, Madrid, Toronto, Miami et Londres.
La plupart des manifestants étaient issus, comme lors de la première grande manifestation le soir du 13 septembre, des classes moyennes.
Ces Argentins vivent de plus en plus mal les contrôles draconiens sur les opérations de change, qui les empêchent d'acquérir des dollars pour épargner.
Ils ont le choix entre conserver des pesos, qui se dévaluent rapidement avec une inflation d'environ 25% par an, ou acquérir des devises étrangères au prix fort sur le marché noir.
La croissance, qui était jusqu'à maintenant de 8% en moyenne, devrait être réduite au moins de moitié cette année à cause de la crise mondiale. La popularité de Mme Kirchner est en chute, à 30% environ, après avoir obtenu 54% des voix il y a seulement un an, selon les enquêtes.
Mme Kirchner a été élue deux fois, en 2007 et en 2011. Mais certains parlementaires du parti péroniste au pouvoir proposent une réforme de la constitution pour lui permettre de se faire élire une troisième fois en 2015.
Plus de 80% de la population rejette cette initiative, selon l'Intitut Management & Fit. Sept Argentins sur dix ne sont toutefois pas satisfaits du rôle de l'opposition, impuissante et atomisée.
Le principal sujet d'inquiétude est l'insécurité (79,4%), suivi de l'inflation (64%), selon cet institut.
Des milliers d'Argentins avaient manifesté pour la première fois à travers le pays au soir du 13 septembre. L'ampleur de cette première manifestation organisée à l'aide des réseaux sociaux avait étonné.
AFP