Costas Vaxevanis, qui a comparu ce jeudi devant la justice pour avoir publié une liste contenant plus de 2 000 noms de présumés fraudeurs au fisc ayant un compte en Suisse, qualifie de "politique" le procès instruit contre lui.
Jugé pour avoir publié une liste de plus de 2.000 compatriotes détenteurs de comptes bancaires en Suisse, le journaliste grec Costas Vaxevanis a qualifié jeudi de politique le procès instruit à son encontre.
Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Hot Doc a été arrêté le week-end dernier pour avoir enfreint la loi sur la publication de données confidentielles privées.
« Il est accusé sans raison », a estimé son avocat Nicos Constantopoulous. « Les principes d’un procès équitable n’ont pas été respectés. »
Costas Vaxevanis a été inculpé alors qu’aucune des personnes citées dans la liste n’a porté plainte pour violation de la vie privée, ont souligné ses avocats.
Le journaliste, qui encourt deux ans de prison, a déclaré avoir reçu la liste via une source anonyme et affirme avoir agi au nom de l’intérêt général.
« Il n’y a pas la moindre preuve pour étayer ces accusations », a-t-il dit à Reuters lors d’une suspension d’audience au tribunal d’Athènes où il est jugé.
« Il y a de toute évidence des motivations politiques. Vous pouvez voir que la plupart des noms sur la liste sont proches du système politique. »
La rapidité de son arrestation et de la tenue de son procès ont suscité des protestations en Grèce où les gouvernements successifs sont accusés d’avoir épargné les riches pendant plusieurs décennies.
« Je suis venue ici pour apporter mon soutien à Vaxevanis parce que je pense qu’il est inacceptable d’inculper quelqu’un pour avoir dévoilé cette liste et de ne pas poursuivre ceux qui l’ont cachée pendant toutes ces années », a indiqué Stella Vergeti, une dentiste de 60 ans, présente au tribunal.
Remise à la Grèce en 2010 par les autorités françaises, la « liste Lagarde », du nom de Christine Lagarde, alors ministre française de l’Economie, comporte 2.059 noms de clients de la banque HSBC en Suisse soupçonnées d’évasion fiscale et susceptibles de faire l’objet d’une enquête.
Le quotidien Ta Nea, classé à gauche, a consacré dix pages lundi à la publication de la liste de ces comptes en Suisse, tout en soulignant qu’il n’y a aucune preuve que les détenteurs des comptes soient coupables d’évasion fiscale.
La liste comprend les noms d’armateurs fortunés, d’hommes d’affaires, de médecins, d’architectes et d’avocats. Y figurent aussi deux responsables politiques, un peintre et une actrice.
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