La chancelière allemande, Angela Merkel, inaugure ce mercredi un mémorial dédié aux 500 000 Roms victimes du nazisme. Berlin n'a reconnu ce génocide qu'en 1982, soit 30 ans après avoir reconnu la Shoah.
Plus de 65 ans après l'Holocauste, la chancelière allemande, Angela Merkel, inaugure, mercredi, à Berlin, le mémorial aux Roms victimes du nazisme alors que ces derniers subissent toujours racisme et discrimination dans de nombreux pays d'Europe.
Conçu par l'artiste israélien Dani Karavan, le mémorial aux Sinti et aux Roms se trouve face au Parlement allemand, non loin de celui consacré aux victimes de la Shoah et de celui dédié aux homosexuels tués par les nazis. Il est constitué d'un puits avec, au centre, une stèle sur laquelle devra reposer chaque jour une fleur fraîchement cueillie.
"Nous espérons que les personnalités politiques, et les visiteurs étrangers, viendront voir ce lieu et se souviendront de l'urgence qu'il y a à prendre parti", a déclaré Romani Rose, présidente du Conseil allemand des Roms et Sinti.
500 000 Roms et de Sinti ayant péri dans les camps de la mort
Déjà objets de discrimination dans l'Histoire européenne, les Roms ont été l'une des cibles privilégiées du régime nazi dès l'arrivée de Hitler au pouvoir en 1933.
Internés dans des camps de travail, soumis à une campagne de stérilisation pour préserver la "pureté" des Aryens, Roms et Sinti furent pendant la guerre envoyés dans des camps d'extermination, où leur uniforme portait l'infâmant "Z" pour Zigeuner (gitan).
Selon les estimations officielles, 500 000 le nombre de Roms et de Sinti ayant péri
dans les camps de la mort.
"L'Holocauste contre les Roms a longtemps été nié et n'a pas fait l'objet de recherches historiques, non seulement en Allemagne, mais aussi dans d'autres pays, comme la France de Vichy ou les pays d'Europe de l'Est qui ont participé aux persécutions", estime l'historien Wolfgang Wippermann de l'Université libre de Berlin.
Il faudra attendre 1982, soit 30 ans après la reconnaissance de la Shoah, pour que ce génocide soit reconnu en Allemagne de l'Ouest par le chancelier d'alors, Helmut Schmidt. Par la suite, en 1997, le président Roman Herzog a souligné pour la première fois qu'il avait le même motif raciste et avait été perpétré par les nazis avec la même résolution que l'extermination des Juifs.
Minorité protégée en Allemagne
Actuellement, 11 millions de Roms vivent sur le continent européen, dont sept millions en Union européenne (UE), et constituent la plus grande minorité ethnique d’Europe. Elle aussi la plus pauvre et subit toujours discriminations et racisme.
La chute du rideau de fer en 1989 et l'élargissement de l'Europe de l'est a provoqué la migration de certains vers l'ouest plus opulent, et des pays comme la France et l'Italie ont opéré des tours de vis sécuritaires en démantelant des camps jugés illégaux.
En Allemagne vivent actuellement quelque 70 000 Roms de nationalité allemande. "Ce ne sont pas des nomades et leur famille est parfois installée depuis 600 ans dans notre pays", indique M. Wippermann.
Ils font partie depuis 1997 des quatre minorités protégées en Allemagne, comme les Danois et les Frisons, installés dans le Nord, et les Sorbes, vivant dans l'est du pays.
Récemment, Berlin a manifesté son souhait de marquer un point d'arrêt à ces migrations, en souhaitant que soit levée l'exemption de visa pour les ressortissants serbes et macédoniens, dont beaucoup sont des Roms.
France 24 avec dépêches