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Twitter bloque un compte néo-nazi en Allemagne, une censure inédite

Le premier compte Twitter à avoir subi les foudres de la censure par le site de microblogging, à la demande des autorités, est le fil du groupuscule néo-nazi allemand "Besseres-Hannover".

L’époque de la liberté d’expression la plus débridée sur Twitter - quitte à laisser passer les discours haineux en tout genre - est bel et bien révolue. C’est un compte allemand d’obédience neo-nazi qui a fait, le premier, les frais de la nouvelle politique du célèbre réseau de microblogging.

We announced the ability to withhold content back in Jan. We're using it now for the first time re: a group deemed illegal in Germany.

— Alex Macgillivray (@amac) Octobre 18, 2012

Le fil du groupuscule Besseres-Hannover (Un meilleur Hanovre, capitale de la Basse-Saxe, ndlr) n’est, depuis jeudi, plus accessible depuis l’Allemagne. Alex Macgillivray, responsable de la ligne de conduite chez Twitter, a confirmé cette désicion par un gazouillis vendredi matin. Elle ne concerne, par ailleurs, que les internautes allemands. Les tweets de ces néo-nazis - souvent des photos de sympathisants anonymes mais aussi des reprises du “bloc identitaire” d’extrême droite allemand - peuvent être lus dans le reste du monde.

Cette décision sans précédent dans l’histoire de Twitter fait suite à une lettre envoyée, en septembre, par la police allemande demandant cette suspension. La justice de Hanovre a, en efffet, ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale et constitution d'une organisation criminelle. Le Land (circonscription régionale allemande) de Basse-Saxe a, par ailleurs, dissous le mouvement Besseres-Hannover, soupçonné d’avoir distribué des tracts incitant à la haine raciale à la sortie des établissements scolaires et dont des membres auraient menacé physiquement des immigrés à Hanovre. Le site internet de cette mouvance a, quant à lui, été fermé.

Risques de censure

Twitter met ainsi en pratique une nouvelle ligne de conduite introduite le 28 janvier 2012. Le site, dont le siège est en Californie, avait alors indiqué qu’il comptait dorénavant étudier au cas par cas les demandes de censures de comptes émanant des autorités nationales ou même locales.

Un changement accueilli fraîchement par les défenseurs de la liberté d’expression qui avaient accusé Twitter de faire le jeu de régimes autoritaires pour des raisons économiques. Ai Weiwei, le célèbre artiste dissident chinois, avait même assuré que “si Twitter commençait à censurer, [il] arrêterait de l’utiliser”.

“La liberté d’expression prônée par Twitter était géniale, mais difficilement viable économiquement sur le long terme si le service veut s’étendre dans des régions du monde où les autorités ne partagent pas les mêmes valeurs”, avait de son côté expliqué un célèbre défenseur de la liberté d’expression d’origine biélorusse, Evgeny Morozov, au quotidien britannique "Financial Times" au mois de janvier.