
Soumis à une réglementation stricte, les pêcheurs français de coquilles Saint-Jacques se sont élevés contre le fait que les Britanniques puissent venir ponctionner la ressource présente près des côtes normandes.
La presse britannique recelait jeudi 11 octobre de coquilles. Et pour cause, une guerre maritime, engagée entre la France et la Grande-Bretagne, sur fond de litige sur la pêche à la coquille Saint-Jacques dans la Manche, a connu un pic de tensions lundi 8 octobre lorsque des pêcheurs se sont insultés par navires interposés. Humiliés par ce qu’ils considèrent comme un "pillage", les Français ont exigé que les navires britanniques - soumis à moins de réglementation - ne puissent plus ponctionner la ressource présente près des côtes normandes. Mais les responsables ministériels français ont tranché mercredi : il n’y a pas de recours envisageable.
Insultes et provocations
Lundi 8 octobre, insultes et projectiles fusaient au large de la Normandie entre marins français et britanniques. "Tu vas dégager !" lance un marin français en direction d’un bateau britannique, lors d’une altercation diffusée sur France 3. Un second commente la situation en laissant échapper sa rage : "Ils se foutent de notre gueule !". "Je ne comprends pas, je suis dans les eaux internationales et j’ai le droit de pêcher," réplique pour sa part un pêcheur venu de Grande-Bretagne.
Selon le règlement européen, les navires britanniques sont effectivement autorisés à venir jusqu’à 22 km environ des côtes françaises. "Le seul outil européen sur la coquille Saint-Jacques concerne sa taille minimale de 11 cm : tant qu'ils [les Britanniques, ndlr] la respectent, il n'y a aucun moyen réglementaire d'empêcher les Britanniques de pêcher en baie de Seine notamment", a expliqué mercredi un expert au ministère aux Transports et à la Pêche.
Les pêcheurs français face à une impasse
Outre la présence des pêcheurs concurrents, des différences de réglementation entre les deux pays hérissent les poils de ce côté-ci de la Manche. Alors que, pour les professionnels français, soumis à des quotas stricts (établis cette année à 3 500 tonnes selon l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), la pêche n’a ouvert que depuis le 1er octobre, les voisins britanniques, eux, peuvent s’adonner à leur activité depuis début août, à bord de bateaux deux fois plus longs que ceux de leurs concurrents.
Une injustice soulevée notamment par des marins de la Manche, qui ont réclamé une fermeture de la pêche jusqu'à fin novembre au sud d'une ligne qui irait de Barfleur (Manche) au Cap d'Antifer (Haute-Normandie). Le président de la commission "Coquillages" du comité national des pêches, Paul Françoise, a lui parlé d'une "mesure d'urgence" pour préserver la ressource.
En parallèle, les Français sont confrontés à la fermeture de certains gisements affectés par la toxine ASP (Amnesic shellfish poison), ou toxine amnésiante, rendant le mollusque impropre à la consommation, tandis que les Iles britanniques sont équipées pour nettoyer les coquilles.
D’ordinaire rare dans la zone, ce genre d’incidents avait déjà eu lieu en 2002, lorsqu’un navire britannique avait été attaqué par un bateau français au large de Brest.