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Avion de ligne intercepté : Ankara reste ferme face aux protestations russes et syriennes

L'avion syrien assurant la liaison Moscou-Damas et intercepté par la Turquie mercredi "avait à bord du matériel radar", a déclaré vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, alors qu'Ankara soupçonne un convoyage de matériel non civil.

Depuis l’interception par l’armée turque, mercredi soir, d’un avion de ligne syrien assurant la liaison Moscou-Damas, les représentants de la Russie et de la Turquie ont multiplié les déclarations. Alors que Vladimir Poutine a repoussé une visite prévue dans la capitale turque, Ankara a menacé d’accentuer sa riposte.

Alors qu’il transportait 17 passagers russes, un Airbus A-320, parti de Moscou à destination de Damas, a été forcé d’atterrir mercredi soir à Ankara après avoir été pris en chasse par deux avions F4 de l’armée turque. En cause : sa "cargaison illégale". À Ankara, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que l’avion comportait "de l'équipement et des munitions à destination du ministère syrien de la Défense" en provenance d'un fabricant russe de matériel militaire.

La Turquie menace d’accentuer sa riposte

L’évènement s’inscrit dans un contexte de tension entre Ankara et Damas : alors que l'armée turque a accru sa présence le long des 900 km de frontière entre les deux pays, l'artillerie a bombardé, au cours de la semaine écoulée, plusieurs positions de l'armée syrienne après des tirs de mortier venant de Syrie.

"Nous sommes déterminés à contrôler les transferts d'armement vers un régime qui commet de tels massacres parmi les civils. Il est inacceptable qu'un tel trafic passe par notre espace aérien", a déclaré dans la soirée à la télévision le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.

"La Turquie ripostera avec davantage de force à tout nouveau bombardement en provenance du territoire syrien," a par ailleurs averti le chef d'état-major de l'armée turque, le général Necdet Ozel.

Ankara juge, en outre, que l'espace aérien syrien ne présente plus les garanties de sécurité nécessaires et invite les compagnies aériennes à ne plus l'emprunter, a dit le ministre. Un correspondant de Reuters à la frontière a vu un avion faire demi-tour vers la Turquie à l'approche de la frontière syrienne.

Réactions de Moscou et de Damas

Suite aux déclarations d’Ankara, les autorités russes ont d’abord réagi en niant la présence d'armes à bord. Vendredi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré que l'avion transportait du "matériel radar" tout à fait "légal".
"L'avion transportait une cargaison qu'un fournisseur russe légal était en train de livrer de manière légale à un client légal", a déclaré M. Lavrov, cité dans un communiqué du Kremlin, à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité russe consacrée notamment à la situation en Syrie.

De toute façon, "s'il avait fallu livrer à la Syrie des équipements militaires ou des armes, cela aurait été fait en bonne et due forme, et non pas par une voie illégale, d'autant plus avec des civils à bord de l'appareil", avait déclaré jeudi, une source anonyme dans les services d'exportation d'armes russes, cité par l'agence de presse moscovite Interfax.
 

Vladimir Poutine, le président russe, a quant à lui repoussé au 3 décembre sa visite à Ankara, a déclaré jeudi à l'AFP le Kremlin. Celle-ci était initialement prévue le 15 octobre. "La troisième édition du conseil de coopération turco-russe aura lieu le 3 décembre à Ankara (...) sous la coprésidence de M. le Premier ministre (Erdogan) et du président russe", a indiqué jeudi un communiqué.

Enfin, le ministère russe des Affaires étrangères a exigé des explications de la part d'Ankara, précisant que l’intervention turque a "mis en danger" des passagers russes. Les autorités syriennes ont, elles, accusé Recep Tayyip Erdogan de "mentir". "Le Premier ministre turc continue sa série de déclarations mensongères qui visent à justifier le comportement hostile de son gouvernement à l'égard de la Syrie", a estimé le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Sur le terrain, les rebelles ont progressé dans le nord du pays où ils ont pris le contrôle d'une portion de près de 5 km de l'autoroute stratégique reliant Damas à Alep, à hauteur de la ville de Maaret al-Noomane, également sous leur contrôle, selon un journaliste de l'AFP.

FRANCE24 avec dépêches