logo

En visite au Liban, Benoît XVI s’élève contre le fondamentalisme religieux

Le pape Benoit XVI a entamé vendredi une visite de trois jours au Liban. Il a mis en garde contre les dérives du fondamentalisme religieux, au moment où le monde musulman est gagné par une vague d’émeutes anti-américaines.

Arrivé vendredi à Beyrouth, la visite au pays du Cèdre du pape Benoit XVI s’annonce des plus délicates. L’inquiétude des chrétiens d’Orient est en effet vive au moment où de nombreuses villes du monde musulman sont le théâtre de manifestations anti-américaines.

Le Liban en joie à l'arrivée du pape

À sa descente de l’avion, Benoit XVI est apparu souriant et quelque peu ému. Il a été accueilli par le président libanais, Michel Sleimane, seul chef d'État arabe chrétien, ainsi que par de nombreux dignitaires religieux et diplomates.

Le long de la route de l'aéroport, des centaines de personnes de toutes confessions, dont des femmes voilées et des scouts, affiliés au Hezbollah pro-iranien, en uniforme se sont rassemblés pour saluer le passage du chef des catholiques. Et les cloches des églises du pays tout entier ont retenti en hommage au pape, qui a été également salué par 21 salves de canons.
 

Des violences qui n'ont pas épargné le Liban : de violentes manifestations ont eu lieu vendredi à Tripoli, la grande ville du nord du pays, où un fast-food américain a été incendié par quelque 300 manifestants islamistes. Les services de sécurité ont annoncé qu'un manifestant avait été tué dans les heurts.

Le correspondant de FRANCE 24 au Liban, Selim el Meddeb, a pu s’entretenir avec un sympathisant salafiste, qui a pris part à la manifestation de Tripoli. Selon ce dernier, l'armée a dû ouvrir le feu afin d'empêcher la foule de se diriger vers le palais de justice de la ville.

Benoît XVI exhorte les Chrétiens à "ne pas avoir peur"

Confronté à cette situation explosive, Benoît XVI a dénoncé le "fondamentalisme religieux", qui est, selon lui, "toujours une falsification de la religion".

Le Saint-Père a toutefois jugé "positif" le "cri de liberté" du Printemps arabe, invitant les Chrétiens inquiets de la poussée islamiste au Moyen-Orient, à "ne pas avoir peur".

Le pape a par ailleurs profité de sa visite au Liban  pour évoquer la situation de la Syrie voisine, où vivent certaines des plus anciennes communautés chrétiennes qui parlent encore l’araméen, la langue utilisée à l’époque de Jésus-Christ.

L'"'importation d'armes doit cesser une fois pour toutes. Car sans importation d'armes la guerre ne pourrait continuer", a-t-il ainsi déclaré aux journalistes dans l'avion qui le conduisait au Liban.

Quinze ans après la visite historique de son prédécesseur très populaire, Jean Paul II, Benoit XVI a repris l'expression de ce dernier, qualifiant à son tour de "message" la coexistence au Liban de nombreuses communautés, dont 35 % de chrétiens et près de 65 % de musulmans.

L'"heureuse convivialité, toute libanaise, doit démontrer à l'ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu'à l'intérieur d'une nation peuvent exister la collaboration entre les différentes Églises (...) et dans le même temps, la convivialité et le dialogue religieux entre les chrétiens et leurs frères d'autres religions".