Le nouveau ministre de l'Éducation, Vincent Peillon, a annoncé un plan d'urgence pour la rentrée 2012, prémices d'une série de mesures visant, à terme, le recrutement de 60 000 fonctionnaires en plus pour l'Éducation nationale.
Le 29 août, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, a présenté des mesures d’urgence pour la rentrée 2012. Alors que les équipes de Nicolas Sarkozy avaient annoncé, en décembre dernier, la suppression de 14 000 postes, la nouvelle majorité veut, comme l'a promis François Hollande pendant la campagne présidentielle, inverser la tendance.
En un peu plus de deux décennies, les investissements des gouvernements successifs en matière d’éducation ont progressivement diminué. La part de l’État dans le financement de la dépense intérieure d’éducation (DIE) est ainsi passée de 67 % en 1985 à 56,1 % en 2009. Depuis 2007, le phénomène s’est particulièrement accentué avec la politique budgétaire de Nicolas Sarkozy, et notamment le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique. En 2010, la part du budget de l'État consacré à l'Éducation nationale n'était plus que de 21 %, contre 28 % en 2007. Au total, entre 65 000 et 80 000 postes auraient été supprimés pendant le quinquennat Sarkozy, selon différentes estimations.
Dans le cadre du projet de loi de finances rectificative présenté en juillet dernier, les suppressions vont être "progressivement résorbées", a annoncé le ministère de l'Éducation. Mille postes d'enseignants vont immédiatement être créés dans le primaire et 280 dans le secondaire. S’ajoutent à cela l'arrivée de 100 conseillers principaux d’éducation ainsi que de 2 000 assistants d’éducation afin de "renforcer la présence des adultes dans les établissements et de créer les conditions d’un climat favorable [pour les élèves et le personnel]". En outre, 500 assistants de prévention et de sécurité (APS) seront dépêchés dans les établissements les plus sensibles. Il s’agit d’un nouveau métier visant principalement à lutter contre les violences dans le milieu scolaire. Enfin, 1 500 auxiliaires de vie scolaire individuels (AVSI) supplémentaires vont être recrutés pour favoriser l’intégration et les conditions de scolarisation des enfants handicapés.
"L’annonce des 60 000 postes supplémentaires n’avait pas été préparée"
Cette rentrée 2012 voit donc la création de 5 380 postes au sein de l’Éducation nationale. Mais le chiffre promis par François Hollande pour la fin de son quinquennat est bien plus conséquent. Durant la campagne présidentielle, le candidat socialiste a, en effet, annoncé une véritable refonte du système éducatif en prévoyant de créer, d’ici à 2017, 60 000 nouveaux postes dans l’Éducation nationale.
Selon Marie-Caroline Missir, présidente de l'Association des journalistes éducation (AJE), contactée par FRANCE 24, la déclaration de François Hollande a eu le mérite d’attirer l’attention des médias sur les problématiques de l’éducation. "L’éducation était au cœur du programme de la gauche, mais absent à droite. C’était une manœuvre très habile de la part d’Hollande".
"Cette annonce n’avait pas été préparée dans le cadre habituel d’expertises et de groupes de travail", rappelle-t-elle toutefois. "François Hollande a pris tout le monde de court lorsqu’il a sorti cette proposition en septembre dernier. Personne, y compris Vincent Peillon - qui ne s’en cache pas -, n’avait été briefé."
La mise en place de ces 60 000 créations de postes s'annonce donc très difficile pour le gouvernement. "Il y a un véritable problème de vivier. De moins en moins de jeunes se présentent aux concours de recrutement des enseignants. Actuellement, en obtenant une moyenne de 5/20, vous pourriez être admissible dans certaines académies !", explique Marie-Caroline Missir. Du point de vue financier, elle affirme que le gouvernement devra certainement faire un choix entre les recrutements de masse et la revalorisation du salaire et des conditions d'exercice du métier.
"Trop tôt pour élaborer le plan de création de postes"
Interrogé par FRANCE 24, le ministère de l’Éducation estime, de son côté, qu’il est "encore beaucoup trop tôt" pour évoquer le déroulement concret du plan de création de postes. Toutefois, le gouvernement estime être en bonne voie, notamment grâce à trois mesures annonciatrices.
Premier signe encourageant, le nombre de postes ouverts aux concours d'enseignants publics pour la rentrée 2013 est passé de 13 000 à 20 000, soit une augmentation de près de 50 % par rapport à la session de 2012. "Ce volume de recrutement permet de remplacer la totalité des départs à la retraite et de mettre un terme à la politique de non-remplacement d’un départ sur deux qui avait marqué la précédente législature", indique le ministère de l’Éducation nationale. Tous les départs en retraite dans le privé seront également remplacés.
Deuxième message envoyé à l'adresse des enseignants, l’annonce de la mise en place des contrats d’avenir professeur. Ce dispositif vise à inciter les étudiants issus d’un milieu modeste à se diriger vers une carrière dans le professorat. Quelque 8 000 étudiants boursiers pourraient être concernés d’ici à 2015, dont 6 000 dès 2013.
Troisième signe encourageant, la reconduction des contrats aidés. Arrivant à échéance en juin ou en septembre 2012, les quelque 12 000 contrats d’assistants de directeurs d’école et de vie scolaire vont être prolongés. D’autre part, la totalité des 27 455 contrats pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap seront également reconduits.
"Ces mesures donnent d’ores et déjà une idée du rythme que compte imposer le gouvernement", souligne-t-on au ministère, où l’on se dit confiant quant au respect des promesses formulées par François Hollande durant sa campagne.