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Le président Obama hausse le ton contre le régime de Damas

Washington a mis en garde lundi le régime de Bachar al-Assad contre une possible intervention militaire en cas de déplacement ou d'utilisation d'armes chimiques. Sur le terrain, une journaliste japonaise a été tuée lundi à Alep.

AFP - Les Etats-Unis ont évoqué une possible intervention militaire en Syrie en cas de déplacement ou d'utilisation d'armes chimiques dans ce pays, où les combats entre rebelles et forces du régime ne connaissaient aucun répit, notamment à Alep.

Washington a par ailleurs répété lundi que le président Bachar al-Assad devait quitter le pouvoir, à la suite de propos ambigus et controversés du nouveau médiateur des Nations unies et de la ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, sur ce sujet.

"Jusqu'ici, je n'ai pas donné l'ordre d'intervenir militairement" en Syrie, a déclaré le président américain Barack Obama lors d'une conférence de presse. Mais "si nous commencions à voir des quantités d'armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation", a-t-il ajouté.

"Nous surveillons la situation de très près, nous avons mis sur pied un ensemble de plans (...) et nous avons fait savoir de façon claire et nette à toutes les forces dans la région qu'il s'agissait d'une ligne rouge pour nous, et qu'il y aurait des conséquences énormes", a encore dit M. Obama.

A Paris, le président français François Hollande a répété que toute solution politique en Syrie passait par le départ de Bachar al-Assad du pouvoir lors d'un entretien avec le nouveau médiateur international Lakhdar Brahimi, qui avait, lui, déclaré la veille ne pouvoir encore prendre position sur ce sujet.

"Ce qu'il faut, c'est arrêter la guerre civile et ça ne va pas être simple", avait souligné sur France 24 le successeur désigné de Kofi Annan.

La porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, est allée dans le même sens: "Nous ne croyons pas à la paix en Syrie avant qu'Assad ne parte et la fin de de l'effusion de sang. Nous serons très clair avec l'envoyé spécial Brahimi là-dessus", a-t-elle ajouté.

"Ce qui se passe sur le terrain, ce sont des crimes terroristes qui visent le peuple syrien et qui sont perpétrés par des salafistes armés soutenus par des pays connus", a rétorqué le ministère syrien des Affaires étrangères en récusant le terme de guerre civile.

Damas accuse régulièrement l'Arabie saoudite et le Qatar d'armer les rebelles.

Sur le terrain, la fête musulmane du Fitr, qui célèbre la fin du jeûne du ramadan, était endeuillée par des combats meurtriers à Alep (355 km au nord de Damas), mais aussi dans la capitale. Le président syrien y avait effectué la veille une rare apparition publique dans une mosquée.

Au moins 131 personnes, dont 57 civils, 37 soldats et 37 rebelles ont été tuées lundi, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui rapporte plus de 23.000 morts depuis le début de la révolte en mars 2011.

Combats à Alep et Damas

Une journaliste japonaise a été tuée lundi en couvrant les affrontements à Alep, tandis que deux reporters arabes et un troisième turc sont portés disparus, a rapporté l'OSDH. L'ambassade du Japon, repliée en Jordanie, a confirmé la mort de la journaliste japonaise.

Un mois jour pour jour après le début de la bataille d'Alep, les rebelles ont porté lundi les combats dans le centre-ville en affrontant l'armée près du tribunal militaire et du parti Baas, selon l'OSDH.

Un commandant de l'Armée syrienne libre (ASL, formée de déserteurs et de civils armés) a affirmé à l'AFP que les rebelles avaient "pénétré et pris contrôle" de secteurs centraux d'al-Tilal, Al Maadi et Jdaidé, près du quartier historique.

A Damas, des affrontements ont éclaté dans plusieurs quartiers de l'est et du sud, notamment Jobar (est) et Tadamoun (sud), selon l'OSDH.

Les autorités avaient annoncé il y a plus d'un mois avoir repris le contrôle de Damas avant d'être démenties sur le terrain.

Dans le sud, la ville de Herak, où sont retranchés des insurgés, se trouve dans une situation humanitaire "catastrophique" faute de pouvoir se ravitailler en vivres et médicaments, a affirmé le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition.

Le régime bientôt à court d'argent

L'agence officielle Sana a par ailleurs démenti que le chef de la diplomatie Walid Mouallem ait annoncé sur twitter avoir remplacé le vice-président Farouk al-Chareh, personnalité sunnite la plus en vue du régime dont la défection annoncée samedi par des télévisions arabes avait été aussitôt réfutée à Damas.

Le sort de M. Chareh suscite cependant des interrogations alors qu'il n'a pas été vu en public depuis un mois.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé que le canal financier pouvait être une arme efficace pour "étrangler" le régime syrien, qui sera bientôt à court d'argent selon lui.

"Il a de moins en moins de réserves. On a compté qu'il n'en avait que pour quelques mois, sauf appui de la Russie et de l'Iran", a-t-il dit à la radio RTL.

M. Fabius devait recevoir mardi le président du CNS Abdel Basset Sayda.

Et alors que la recrudescence des bombardements dans le Nord pousse des milliers de personnes à fuir vers la Turquie, Ankara a prévenu que le pays, qui accueille 70.000 réfugiés, ne pourrait pas en accepter plus de 100.000.

Au Liban voisin, des combats ont repris à Tripoli, après une trêve pendant le ramadan, entre les quartiers de Bab el-Tebbaneh, majoritairement sunnite et hostile au régime syrien, et Jabal Mohsen, quartier alaouite soutenant ce régime. Trois sunnites et trois alaouites ont été blessés dans des échanges de tirs, selon un responsable des services de sécurité.