Les syndicats du métro de la capitale argentine ont annoncé lundi la suspension de leur grève après dix jours d'interruption de travail. La gestion du "Subte" oppose frontalement le maire de Buenos Aires à la présidente argentine, Cristina Kirchner.
AFP - La grève du métro de Buenos Aires, qui a été levée lundi soir après avoir semé le chaos dans la mégapole argentine pendant dix jours, a fait éclater au grand jour un conflit entre la présidente Cristina Kirchner et le maire de la capitale, Mauricio Macri.
"Nous allons suspendre notre grève", a dit lundi soir un responsable syndical, Roberto Pianelli. "Le problème n'est pas pour autant réglé, car la question salariale n'est pas réglée", a-t-il averti à l'issue d'entretiens avec les responsables de l'entreprise.
L'accord signé prévoit une hausse salariale de 23%, alors que l'Association syndicale des travailleurs du métro (gauche), qui regroupe quelque 2.500 employés, exigeait un augmentation salariale de 28%.
Dans les rues de Buenos Aires, des milliers d'usagers exaspérés auront tenté pendant dix jours de rejoindre leur travail à pied ou à vélo pour éviter les embouteillages. Buenos Aires compte 3 millions d'habitants, mais les jours ouvrables, 3 millions supplémentaires habitant en banlieue vont y travailler.
Mais cette grève, la plus longue de l'histoire du métro argentin -inauguré en 1913, le premier d'Amérique latine-, aura surtout révélé l'ampleur de la dispute entre Mme Kirchner (péroniste de centre-gauche) et M. Macri (droite).
"La mairie a l'obligation légale, les ressources de l'Etat et des habitants de Buenos Aires pour assumer la gestion du métro", affirme la voix off d'un spot publicitaire télévisé de la présidence qui ajoute : "Pourquoi ne le fait-il pas ?".
"Faux", réplique un spot de la mairie de Buenos Aires sur internet, dénonçant les "mensonges" de la publicité présidentielle. "Il est condamnable d'utiliser des fonds publics pour mener une campagne politique", ajoute-t-il.
Le maire de Buenos Aires a signé en janvier un accord de principe pour assumer la gestion du métro, jusqu'alors prise en charge par l'Etat. Dans la foulée, il a décidé de doubler le prix du ticket.
Mais dénonçant le non respect par l'Etat de plusieurs clauses et le mauvais état des wagons, M. Macri décide ensuite de renoncer à la gestion du métro.
Le gouvernement fait alors adopter une loi au Congrès lui transférant la gestion du réseau, alors que le parlement de la ville autonome de Buenos Aires vote de son côté une loi rendant l'administration du métro à l'Etat.
"C'est un affrontement politique", explique à l'AFP Luis Costa, analyste de l'institut Ipsos Mora y Araujo.
Réélu maire de Buenos Aires il y a un an avec 64,3% des voix face au candidat de Mme Kirchner, M. Macri s'est imposé comme un candidat potentiel de l'opposition pour la prochaine présidentielle. Il fait désormais figure de grand rival de la présidente, quant à elle, réélue en octobre 2011 pour un deuxième mandat avec 54,3% des voix.
M. Macri et Mme Kirchner s'opposent régulièrement par médias interposés, et leur conflit se cristallise autour de la gestion du métro.
Depuis plusieurs mois, le maire de Buenos Aires accuse Mme Kirchner de chercher à l'asphyxier économiquement. Il affirme avoir demandé en vain d'être reçu par la présidente pour tenter de trouver un terrain d'entente.
Jeudi, le Congrès, où le parti de Mme Kirchner dispose d'une majorité confortable, a adopté une loi privant la banque de la ville, Banco Ciudad, des dépôts (ou consignations) judiciaires, soit 40% du total de ses dépôts.
Mis en examen pour une sombre affaire d'espionnage par un juge soupçonné d'être proche du pouvoir, Norberto Oyarbide, M. Macri ne croise Mme Kirchner que lors des cérémonies officielles.
Il y a quelques jours, à la Bourse de Buenos Aires, Mme Kirchner avait ironisé sur "l'éventuelle présence d'un mis en examen dans la salle", alors que M. Macri l'écoutait assis au premier rang.