Les autorités libanaises ont arrêté jeudi matin l’ancien ministre Michel Samaha, proche du président syrien Bachar al-Assad. Cette interpellation, sans motif apparent, suscite de nombreuses théories au sein de la société libanaise.
Jeudi, au petit matin et sans ménagement selon les dires de son épouse, les forces de sécurité libanaises ont arrêté l’ancien ministre Michel Samaha, à son domicile de Khenshara, à une trentaine de kilomètres de la capitale, après l’avoir fouillé. L’appartement beyrouthin de Samaha, partisant du régime syrien, a également fait l’objet d’une perquisition.
Les autorités n’ont pas voulu rendre public le motif de l’arrestation. "Ce qui donne lieu à de nombreuses hypothèses et rumeurs", explique Badih Karahani, correspondant de France 24 à Beyrouth. Chacun y va de sa théorie pour comprendre les dessous de l’affaire.
Beyrouth bruisse de rumeurs et d’hypothèses sur les raisons de l’arrestation
Plusieurs pistes sont évoquées : des liens avec Israël, une éventuelle implication dans les affaires jugées par le tribunal spécial pour le Liban, c’est-à-dire ayant un lien avec l’assassinat l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, des projets d’attentats contre des députés, de la diffamation…
"Selon les informations qui circulent depuis ce matin, l’arrestation de Samaha ne serait pas en rapport avec d’éventuels liens avec Israël", souligne Sarkis Naoum, politologue libanais résident à Beyrouth, joint par France 24. "Cela n’est pas non plus en relation avec les crimes jugés par le TSL", ajoute-t-il encore.
Pourquoi l’affaire agite la classe politique libanaise ?
S’exprimant devant des journalistes à la mi-journée, l’épouse de l’ancien ministre a dénoncé "une arrestation politique" et invité la famille politique de son mari, les pro-syriens, à se manifester. Or, Badih Karahani, précise que "le groupe politique auquel appartient Michel Samaha est précisément celui qui, au sein du gouvernement libanais, a autorisé son arrestation". Un détail qui interpelle et laisse à penser que les faits reprochés sont graves.
Pro-syrien, Michel Samaha a été plusieurs fois été ministre du temps de la tutelle syrienne sur le Liban. Il a également géré le portefeuille de l'Information en 2003, dans le gouvernement de Rafic Hariri.
Le quotidien l’Orient le Jour rapporte ainsi que d’après des sources de sécurité, Michel Samaha aurait été arrêté pour des raisons sécuritaires liées à la préparation d'attentats contre des députés anti-syriens.
Cette arrestation survient d’ailleurs au lendemain d’une tentative d’attentat présumée contre le député Khaled Daher. Ce dernier, farouche opposant au régime de Bachar al-Assad, n’est pas en mesure de confirmer cette hypothèse. "J’ai moi-même parlé avec Khaled Daher et avec le député Mourabi. Leurs noms ont été évoqués comme cibles d’attentats dans lesquels aurait été impliqué Michel Samaha", rapporte le correspondant de France 24 Badih Karahani. "Mais mêmes eux n’ont pas voulu confirmer cette théorie, préférant attendre les conclusions de l’enquête", a-t-il ajouté.
Un proche de Damas
Plus qu’un partisan du régime de Damas, Samaha serait un proche du président syrien. "Il est notoire, à Beyrouth, que Michel Samaha fait parti des plus importants conseillers de Bachar al-Assad", relève Badih Karahani. Il rappelle ainsi que l’homme politique libanais a été l’architecte du rapprochement entre Paris et Damas qui a culminé lors de l’invitation du président syrien à Paris, lors des festivités du 14 juillet 2008.
Reste que l’affaire n’a pas fini de faire couler de l’encre. Aujourd'hui, la polémique est lancée au Liban. Au-delà des hypothèses, chaque camp politique accuse l’autre d’être derrière l’arrestation. Certains dénoncent même la brutalité de l’arrestation de l’ancien ministre.