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À Alep et Damas, l'Armée syrienne libre accentue la pression sur le régime

Les combats sont chaque jour plus violents à Alep où l'ASL a pour objectif de s'emparer des sièges des renseignements. À Damas, les violences ont repris : l'armée tente de venir à bout de poches de résistance comme le quartier de Tadamoun.

La bataille cruciale lancée le 20 juillet entre les forces du régime de Bachar al-Assad et les insurgés pour la conquête d’Alep se poursuit. Le régime de Damas, qui tente de venir à bout de poches de rébellion à travers le pays et notamment à Damas, enregistre depuis quelques jours une série de défaites dans la capitale économique du pays.

Les rebelles prennent le pas sur l’armée régulière à Alep

Tout d'abord, la perte de places stratégiques. Reconnaissant pour la première fois utiliser des chars pris à l’armée régulière, les rebelles ont bombardé jeudi matin l'aéroport militaire de Menagh, à 30 km au nord-ouest d'Alep, d'où décollent les hélicoptères et les avions utilisés pour mener des raids sur la ville, ont indiqué différentes sources à l’AFP. "L'aéroport militaire de Menagh a été bombardé jeudi matin par un char capturé par les rebelles dans des opérations précédentes", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La mission de l’ONU a en effet constaté mercredi que les forces de l’Armée syrienne libre – composées de déserteurs et de civils - ont à disposition des chars et des armes lourdes. À proximité de la frontière turque, les insurgés peuvent recevoir des munitions et des vivres afin de tenir face aux troupes de Bachar al-Assad, équipées, elles, d’avions de chasse.

Après plusieurs victoires symboliques, l'ASL envisage désormais de s’attaquer au siège des renseignements aériens situés dans l’ouest d’Alep, ce qui lui permettrait d’avancer vers les quartiers aisés de la ville. Le général Abdel Nasser Ferzat, un commandant de l'ASL, a affirmé à l’AFP que "le plus important, c'est la prise des sièges des renseignements : Si ces sites tombent, la victoire sera possible".

Selon un porte-parole de l’ASL, le colonel Kassem Saadeddine, les insurgés contrôlent déjà la moitié d’Alep, et la quasi-totalité de sa région. Mais cette information reste difficile à vérifier. En prenant cette ville stratégique du nord, la rébellion pourrait ainsi créer une zone de sécurité entre Alep et Idleb, ville du nord-ouest de la Syrie, à la frontière turque, s’assurant ainsi le contrôle du Nord du pays.

Le front de Damas toujours ouvert

A Damas, l’armée tente de venir à bout de poches de résistance comme le quartier de Tadamoun bombardé jeudi.

Le front de Damas s'était pourtant calmé il y a une dizaine de jours, après que l'armée eut pris le dessus au terme d'une semaine d'affrontements inédits. Mais il semble qu’un nouveau feu s’allume à chaque fois que l’armée en éteint un. "L’armée régulière a repris l’essentiel de la capitale. Les insurgés avaient dû se retirer des quartiers qu’ils occupaient. Mais de tels affrontements prouvent que l’ASL est toujours présente à Damas", signale Perrine Mouterde, correspondante de FRANCE 24 à Beyrouth, au Liban.

La situation humanitaire se dégrade

Au côté de ces violences, la situation humanitaire en Syrie se dégrade. L’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que trois millions de Syriens ont un besoin urgent de nourriture.

Barack Obama a approuvé jeudi l'octroi de 12 millions de dollars d'aide humanitaire supplémentaires pour soutenir les Syriens qui doivent faire face aux "horribles atrocités" du président Bachar al-Assad.

La répartition des minorités religieuses en Syrie

Avec cette rallonge, ce sont au total 76 millions de dollars de nourriture, d'eau, de médicaments, de vêtements ou de kits hygiéniques qui ont été apportés à 1,5 million de personnes en Syrie, a précisé la Maison blanche dans un communiqué.

Damas a de son côté annoncé avoir reçu de l’Iran, son principal allié dans la région, un don de plus d’un million d’euros en équipements médicaux.

D'après l'OSDH, 110 personnes – dont 67 civils, 29 soldats et 14 rebelles – ont été tuées mercredi dans les violences à travers le pays dont la moitié à Alep. Pour tenter de trouver des solutions à cette situation qui empire de jour en jour, l’Assemblée générale de l’ONU se réunira ce jeudi pour évoquer la situation en Syrie. Elle pourrait, selon certains diplomates, voter en faveur d'une résolution saoudienne dénonçant les violations des droits de l'Homme en Syrie et condamnant le Conseil de sécurité pour avoir échoué à prendre des mesures contre Damas.