De violents combats font toujours rage à Alep entre l’armée régulière et les rebelles. La ville est plus que jamais un enjeu crucial pour les deux camps qui ne cessent d’y envoyer des renforts. L’opposition disposerait désormais d’armes lourdes.
Des combats entre armée syrienne et rebelles ont éclaté pour la première fois aux abords de deux quartiers chrétiens réputés comme étant pro-régime, dans le centre de Damas, mercredi 1er août aux premières heures de la journée.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a précisé que "les premières informations font état d'un mort parmi les soldats".
Après une semaine de combats d'une violence inédite dans la capitale, l'armée a repris le 23 juillet l'ensemble des quartiers perdus au profit des rebelles lors de leur bataille de "libération" de Damas.
Mardi soir cependant, tirs nourris et explosions ont à nouveau retenti dans plusieurs quartiers hostiles au régime, selon une journaliste de l'AFP et des militants, forçant de nouveau les troupes à gérer deux fronts à la fois.
Mercredi à l'aube, une explosion et des tirs intenses ont été entendus dans la rue Bagdad, grande artère menant au centre-ville et à Bab Touma, autrefois très prisé des touristes, selon les Comités locaux de coordination.
Selon les observateurs de l’ONU qui se sont rendus à Alep, mardi 31 juillet, les rebelles syriens disposeraient d’armes lourdes et de chars. Si, il y a quelques jours encore, les forces de l’Armée syrienne libre (ASL) étaient présentées comme assiégées dans la capitale économique du pays, elles semblent rétablir l'équilibre. Mardi, les rebelles, qui cherchent à s’emparer des symboles du régime, ont enregistré de nouvelles victoires en prenant le contrôle de trois commissariats de police. Quarante policiers auraient été tués, dont le chef de l'un des commissariats, le général Ali Nasser, selon l’AFP, qui a participé, aux dires des rebelles, à la répression de la révolte lancée en mars 2011.
Ces derniers ont également attaqué avec des roquettes RPG le siège du tribunal militaire ainsi qu'un poste de police et une branche du parti Baas au pouvoir dans un quartier du sud de la métropole, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG favorable à l'opposition basée à Londres.
L'ASL envisage maintenant de s’attaquer au siège des renseignements aériens situés dans l’ouest d’Alep, ce qui lui permettrait d’avancer vers les quartiers aisés de la ville.
Son but : atteindre progressivement le centre-ville, quartier par quartier, objectif qu’elle peut atteindre "d’ici à quelques jours, et non quelques semaines", selon un commandant rebelle qui s’est confié mardi à l'agence Reuters.
Soif de vengeance
Des combattants tribaux loyaux au clan Assad se sont par ailleurs joints, ce mercredi 1er
août, aux forces du régime pour contrer l’avancée des rebelles au lendemain de l’exécution d’un groupe d’entre eux par l’ASL.
En effet, selon des images tournées par un amateur et postées sur YouTube, des rebelles auraient exécuté à Alep des membres de la tribu des Berri, des sunnites partisans du régime. Sur la vidéo, on peut voir des hommes, présentés comme des rebelles, entourant l’un des captifs, le visage ensanglanté et presque nu, avant de le mettre face à un mur. Des hommes en arme ouvrent ensuite le feu sur le prisonnier.
"Le clan des Berri est fidèle au régime d'Assad", a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, le chef de l'OSDH. "Mais aucune loi - internationale ou islamique - n'autorise l'exécution d'un prisonnier. C'est un crime, une vengeance", a-t-il déploré.
Cette tribu sunnite au fonctionnement clanique a d’ores et déjà appelé d’autres tribus de la région à venger ses morts.
Assad soutient ses troupes
Dans la capitale, Damas, de brefs combats ont opposé, tôt mercredi, pour la première fois, des soldats et des assaillants aux abords de deux quartiers chrétiens réputés favorables au régime, Bab Touma et Bab Charqi.
Dans un discours publié, ce mercredi, par l'agence officielle syrienne Sana à l'occasion du 67e anniversaire de l'armée, Bachar al-Assad a estimé que les combats actuellement menés par son armée étaient "cruciaux". "Le sort passé, présent et futur de notre peuple et de notre nation dépend de cette bataille", a déclaré le président syrien en référence aux combats qui secouent Alep depuis plus d’une semaine.
L’attentat-suicide du 18 juillet, qui a décimé une partie de l’appareil sécuritaire syrien à Damas, a marqué un véritable tournant dans le conflit, attisant une contre-offensive violente de l’armée régulière. Mais la rébellion est également prête à en découdre : pour elle, gagner Alep, c’est s’emparer du nord du pays. Alors l'armée comme les rebelles continuent d'y envoyer des renforts "pour une bataille décisive qui devrait durer des semaines", selon une source de sécurité syrienne, citée par l’AFP.
Considérée comme cruciale tant par l’ASL que par le régime du président Bachar al-Assad, cette bataille promet d’être longue dans la ville asphyxiée par les combats.