Alors que les violences se poursuivent en Syrie, les organisations humanitaires s'inquiètent du sort des réfugiés dans les pays limitrophes et surtout des déplacés internes, qui seraient plus d'un million.
Comme un nombre croissant de Syriens, Fatima Khatib a pris la route du Liban en fin de semaine dernière pour fuir Damas et les combats qui y font rage. Après trois heures de route, elle est parvenue à passer la frontière syro-libanaise pour trouver refuge à Beyrouth. "Pendant les bombardements, on n’osait même pas aller aux fenêtres pour voir ce qu’il se passait. J’ai eu tellement peur, je n’en ai pas dormi pendant trois jours", se désole-t-elle. Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), au moins 120 000 Syriens, principalement des familles avec femmes et enfants, ont trouvé refuge dans les pays limitrophes que sont l'Irak, la Jordanie et la Turquie mais plus d’un quart sont partis au Liban.
Si certains réfugiés ont trouvé asile dans leur famille ou chez des amis, beaucoup sont aujourd’hui hébergés dans des hôtels ou des abris de fortune. "La priorité est de trouver des abris, estime Sybella Wilkes, porte-parole du HCR contactée par FRANCE 24. Mais également des soins, de la nourriture, des couvertures. Le Liban a des capacités limitées pour l’accueil des malades. S’il existe une forte solidarité, le sort des réfugiés dépend pour beaucoup des ONG qui ont donc besoin d’argent."
D’autant que les chiffres avancés par le HCR sont probablement sous-estimés, puisqu’il ne s’agit que du nombre d’inscrits sur les listes de l’agence de l’ONU. L’ordre, le 23 juillet, du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki de laisser passer les réfugiés syriens qui se présentent aux postes-frontières irakiens pourrait encore augmenter le nombre de candidats syriens au départ dans les prochains jours.
Les déplacés internes sous le feu des violences
Pour les ONG, la question des déplacés internes reste aujourd’hui une préoccupation majeure. Entre 1 et 1,5 million de Syriens ont été forcés de migrer à l'intérieur des frontières de leur propre pays, selon des chiffres du Croissant-Rouge syrien. Etant donné l’évolution rapide de la situation sur le terrain, il semble néanmoins difficile de donner des chiffres précis.
"Depuis une semaine, la priorité va aux déplacés syriens car les violences se poursuivent à Damas, Alep et Homs ", estime de son côté Hicham Hassan, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les besoins humanitaires augmentent à mesure que l’insécurité va croissante."
Selon les dernières informations du CICR, au moins 11 800 personnes fuyant les violences ont trouvé refuge dans des établissements publics, notamment des écoles, à Damas. De nombreux parcs ont également été investis. "Mais se pose aujourd’hui la question du transport d’eau, de nourriture, de couvertures et de médicaments ", poursuit Sybella Wilkes, tandis que Hicham Hassan met l’accent sur le difficile accès aux soins des blessés et la nécessaire sécurisation des soins et du personnel humanitaire qui fait lui aussi les frais des violences. Cinq agents du Croissant-Rouge syrien ont été tués depuis le début du soulèvement en mars 2011.
La communauté internationale met la main à la poche