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Des législatives en forme de test pour déterminer l'avenir du pays

Ce samedi, des élections législatives ont lieu au Timor oriental. Le défi qui attend désormais ce petit État du sud-est de l'Asie, qui fête cette année ses dix ans d'indépendance, sera celui d'une gouvernance sans le soutien des Nations unies.

AFP - Le Timor oriental a voté samedi pour décider de son futur gouvernement, à qui reviendra la lourde tâche de prouver que ce confetti d'Asie du Sud-Est meurtri par des décennies de conflits peut assurer son avenir après le prochain retrait des Casques bleus.

Dans la petite école de Farol, banlieue verdoyante de la capitale Dili, les trois policiers en faction étaient paisiblement assis dans un coin de la cour de récréation, où un calme absolu régnait tandis que les électeurs venaient accomplir leur devoir civique.

"Je ne suis pas trop inquiet quant à de possibles violences", lance prudemment Martinho Afonso, un paysan de 55 ans qui, à son âge, a vécu les décennies de conflits vécus par le tout jeune pays.

183.000 Timorais, soit plus du quart de la population de l'époque, ont trouvé la mort après l'invasion du pays par l'Indonésie voisine, qui a suivi le départ de la puissance coloniale portugaise, en 1975.

Le Timor, qui fête cette année ses dix ans d'indépendance, s'est depuis largement pacifié. La présidentielle de mars-avril derniers a permis de désigner sans heurts l'ancien guérillero Taur Matan Ruak à la tête du pays d'1,1 million d'habitants.

Aucun incident n'a été signalé à la clôture du vote, à 15h00 locales (06h00 GMT). Si l'absence de violences se confirme lors des législatives de ce samedi, l'ONU, présente depuis 1999, rappellera ses quelque 1.300 Casques bleus avant la fin de l'année.

Mais il faudra attendre les résultats définitifs du scrutin, pas avant plusieurs jours, pour être certain que le risque de tensions est écarté.

Aucun des partis ne semble en effet en mesure d'emporter une majorité absolue, ce qui fera "des déçus et pourrait créer des tensions", avertit le responsable de la mission onusienne dans le pays, Finn Reske-Nielsen.

Les dernières législatives de 2007 avaient déjà été suivies d'un mois d'instabilité, faute de victoire claire d'un parti.

Le Front révolutionnaire du Timor oriental indépendant (Fretilin, gauche) avait remporté le plus grand nombre de sièges (21 sur 65) mais son rival, le Congrès national pour la reconstruction du Timor (CNRT, centre gauche) avait réussi, avec 18 députés, à s'emparer du pouvoir en s'alliant à des partis minoritaires. Le très charismatique président du CNRT, Xanana Gusmao, héros de la résistance et ancien chef d'Etat, devenait ainsi Premier ministre.

Le Fretilin compte bien prendre sa revanche en arrachant cette fois-ci la majorité absolue de 33 sièges qui lui permettrait de gouverner seul.

Les observateurs parient plutôt sur la reconduction d'une coalition emmenée par M. Gusmao, qui bénéficie de plus du soutien du président du Timor.

"J'ai plus ou moins confiance", a prudemment déclaré M. Gusmao en votant. "Le Fretilin devrait l'emporter", a en revanche assuré "Lu Olo" Guterres, président du parti d'opposition.

Mais l'électeur moyen est loin de ces préoccupations politiciennes. "Les choses doivent s'améliorer pour les pauvres des campagnes, où il n'y a ni électricité ni eau", lance Martinho Afonso, après avoir déposé son bulletin dans l'urne.

La moitié des Timorais vit sous le seuil de pauvreté. La découverte d'un gisement d'hydrocarbures a fait naître un espoir de développement mais qui reste à concrétiser, comme le montre la persistance de bidonvilles, où des enfants à moitié nus jouent au milieu des cochons.

Le nouveau gouvernement devra ainsi prouver que ce minuscule pays est économiquement viable, sans la perfusion de l'aide internationale qui finira un jour par être retirée.

"Le plus grand risque, c'est la pauvreté", a reconnu le président Taur Matan Ruak en allant voter.