
Dans un rapport remis vendredi au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU a recommandé de réduire le nombre d'observateurs en Syrie et propose de recentrer leur mission vers le "dialogue politique" entre pouvoir et opposition.
AFP - Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a recommandé vendredi que la mission des observateurs en Syrie (Misnus) soit "réorientée" vers un rôle plus politique, avec une "composante militaire réduite".
Dans un rapport dont l'AFP a obtenu copie, M. Ban souhaite "maximiser les capacités de la Misnus visant à faciliter un dialogue politique" entre pouvoir et opposition en Syrie et prévoit aussi de "redéployer (la Mission) du terrain vers la capitale (Damas) pour minimiser les risques".
La Misnus, déployée à la mi-avril, compte actuellement près de 300 militaires non armés répartis dans plusieurs villes de Syrie, ainsi qu'une centaine d'experts civils. Mais ses patrouilles ont été suspendues à la mi-juin en raison des combats persistants en Syrie, les convois des observateurs ayant essuyé des tirs à de nombreuses reprises.
Le rapport a été transmis vendredi aux 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU. Ceux-ci doivent prendre une décision sur le renouvellement ou l'aménagement du mandat de la Misnus avant le 20 juillet, date à laquelle ce mandat expire.
Dans son rapport, M. Ban envisage d'abord plusieurs options pour la Mission de l'ONU (retrait, statu quo, renforcement, protection armée) avant de les rejeter en faveur d'une "modification de la structure et des objectifs principaux de la Mission", dont les capacités d'assumer un rôle de "bons offices" doivent selon lui être renforcées.
"Une présence maintenue, réorientée pour porter à leur maximum les capacités de la Misnus de faciliter un dialogue politique (...) semble préférable dans les conditions actuelles", estime M. Ban.
Dans ce cas, note le rapport, "une composante militaire réduite d'observateurs soutiendrait ces activités menées par des civils". "La Misnus pourrait garder une capacité militaire d'observation pour accomplir efficacement des tâches de contrôle et d'enquête, mais avec des possibilités d'action limitées si les conditions actuelles persistent", c'est-à-dire si les violences continuent en Syrie.
M. Ban ne donne pas de chiffres précis pour les effectifs futurs de la Mission. Il se contente de noter que le plafond actuel d'effectifs militaires fixé par le Conseil de sécurité est de 300 et "pourrait être ajusté de manière substantielle". Du côté civil, il envisage des effectifs et des moyens "adéquats".
"Si la Misnus était réorientée de cette manière, ajoute le rapport, (elle) se redéploierait du terrain vers la capitale (Damas) pour minimiser les risques, gardant ses capacités civiles et militaires essentielles afin de se concentrer sur diverses initiatives visant à alimenter un processus politique", c'est-à-dire une transition démocratique.
Quand la Mission avait été déployée en avril, sa principale tâche était de surveiller un cessez-le-feu qui n'a jamais été respecté. De même, le dialogue politique prévu par le plan de paix du médiateur Kofi Annan entre le régime du président Bachar Al-Assad et une opposition désunie ne s'est jamais concrétisé.
La répression du mouvement de contestation populaire et les combats qui ont suivi entre forces gouvernementales et opposants armés ont fait plus de 16.500 morts depuis mars 2011, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Dans son rapport, M. Ban souligne encore "la tournure dangereuse prise par le conflit et la dynamique destructrice" en jeu entre pouvoir et opposition.
Il n'exclut pas que l'ONU mette fin à sa mission si la situation devenait "intenable" mais souligne que la communauté internationale signalerait ainsi qu'elle ne croit plus en ses possibilités de régler la crise.
De même, renforcer la mission augmenterait les risques pour son personnel et donnerait des "espoirs irréalistes" aux opposants, dont certains critiquent l'impuissance de l'ONU à les protéger.
Le Conseil discutera mercredi de ce rapport, au cours d'une séance où M. Annan devrait s'adresser aux 15 pays membres, et un vote sur l'avenir de la Misnus est prévu le 18 juillet.