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L'armée donne trois jours aux acteurs de la crise pour s'entendre

L'armée malgache donne trois jours au maire destitué de la capitale, Andry Rajoelina, et au président Marc Ravalomanana, qui reconnaît avoir "fait des erreurs" depuis trois mois, pour régler la crise qui secoue la Grande Île.

AFP - L'armée malgache a fixé mardi un ultimatum de 72 heures aux "décideurs politiques" du pays pour mettre fin à la crise majeure opposant le maire destitué d'Antananarivo Andry Rajoelina au président Marc Ravalomanana qui a admis des "erreurs" dans ce dossier.

Signe de la tension à Antananarivo, des centaines de partisans du régime ont manifesté devant l'ambassade de France contre la protection accordée par Paris à M. Rajoelina, avant d'être dispersés par les forces de sécurité.

S'exprimant à la télévision nationale, le chef d'état-major de l'armée, le général Edmond Rasolofomahandry, a fixé aux politiques un ultimatum de "72 heures" pour mettre fin à la crise.

"Nous (...) invitons les décideurs politiques, toutes les forces politiques, la société civile, et les représentants des diverses forces vives dans le pays, a se réunir immédiatement et a se mettre d'accord pour apporter une solution dans un délai de 72 heures afin de faire sortir le pays de la crise", a déclaré le général, disant s'exprimer au nom de l'ensemble des forces armées (armée, gendarmerie, police) évaluées à environ 25.000 hommes.



"Si jamais une solution n'est pas trouvée après ces 72 heures, alors nous, les forces armées, nous allons prendre nos responsabilités pour faire fonctionner les affaires nationales, pour préserver les intérêts supérieurs de la Nation et l'unité nationale", a-t-il averti.

Peu après, M. Ravalomanana est également intervenu à la télévision en reconnaissant "avoir fait des erreurs".

"Cette crise politique doit cesser et je suis prêt à écouter; je suis humain et j'ai fait des erreurs (...) les assises nationales seront un événement majeur pour le pays", a-t-il insisté dans un apparent geste d'ouverture.

Ces assises pour trouver une issue à la crise sont prévues de jeudi à samedi.

Le ministre de la Défense, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo - confronté à une mutinerie dans une caserne de la capitale depuis dimanche - a lui annoncé sa démission à la presse.

Dans ce climat de flottement du pouvoir, des partisans du président ont manifesté devant l'ambassade de France en brandissant des banderoles "Nations unies/France: livrez-nous TGV", surnom de M. Rajoelina.



Ils dénonçaient le fait qu'il ait trouvé refuge à la résidence de l'ambassadeur de France depuis vendredi soir, "à la demande de la communauté internationale et du médiateur de l'ONU, et en accord avec le président" Ravalomanana, selon une source diplomatique.

M. Rajoelina vivait caché depuis une tentative d'arrestation jeudi soir.

Selon Paris, il a quitté la résidence. Désormais, il "est sous la protection des Nations unies. C'est aux Nations unies de communiquer", a annoncé mardi le ministère français des Affaires étrangères, en se refusant à plus d'indications sur le lieu où il se trouvait.

Dans la capitale, des affrontements entre partisans des deux camps ont fait 19 blessés par des jets de pierre.

Face aux "troubles civils croissants", les Etats-Unis ont autorisé leur personnel non essentiel à quitter le pays et émis un nouvel avertissement aux voyageurs.

Le conflit larvé entre MM. Ravalomanana et Rajoelina s'est transformé en crise ouverte mi-décembre.

Depuis, M. Rajoelina, destitué par le gouvernement de son poste de maire d'Antananarivo le 3 février, a multiplié les manifestations et s'est autoproclamé en charge des affaires du pays.

Au moins une centaine de personnes sont mortes depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé ce conflit.