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Un rhinocéros de Sumatra est né, "un formidable cadeau pour la survie de l'espèce"

C'est seulement la quatrième naissance d'un rhinocéros de Sumatra en plus d'un siècle. Un signe d'espoir pour la sauvegarde de cette espèce menacée d'extinction, devenue le symbole des dommages causés par la déforestation.

AFP - Un rhinocéros de Sumatra, espèce en danger critique d'extinction, est né samedi en captivité, un événement "historique" qui ne s'était jusqu'alors produit que trois fois en un siècle et qui suscite l'espoir pour la sauvegarde de l'animal.

"Ratu (une femelle rhinocéros) a donné naissance à un bébé mâle à 00H45 samedi (17H45 GMT vendredi). La mère et le bébé vont très bien", a indiqué à l'AFP Widodo Ramono, un responsable du refuge pour rhinocéros au parc de Way Kambas, sur l'île de Sumatra (nord-ouest).

Il ne s'agit que de la quatrième naissance en captivité d'une telle espèce en plus d'un siècle, et de la première en Indonésie. Les trois dernières avaient eu lieu au zoo américain de Cincinnati, a précisé la Fondation internationale des rhinos (IRF).

Le père du bébé rhinocéros né samedi, Andalas, avait vu le jour en captivité aux Etats-Unis le 13 septembre 2001. Il s'agissait alors de la première mise-bas dans un zoo d'un tel spécimen depuis 1889 et une naissance enregistrée à Calcutta, selon le Rhino Ressource Centre, site britannique de références sur l'espèce.

L'IRF, basée aux Etats-Unis, avait par anticipation qualifié d'"historique" l'heureux événement, dans un communiqué annonçant l'imminence de la naissance, vendredi.

L'animal est classé comme "espèce en danger critique d'extinction" sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN), principale ONG mondiale consacrée à la conservation de la nature.

Plus petit des rhinocéros, l'espèce de Sumatra compte "moins de 200 individus à l'état sauvage", après avoir subi une chute de moitié de sa population sur les vingt dernières années, selon l'IRF. Auparavant largement répandu en Asie, on ne le retrouve plus guère dorénavant qu'en Indonésie et en Malaisie.

La population a régressé de "plus de 80%" sur trois générations (soit environ 60 ans) et "continue à décliner, avec des sous-populations qui n'excédent pas les 50 individus", explique l'UICN sur son site internet.

"Toute grossesse est une étape d'une importance capitale pour la survie de l'espèce, menacée d'extinction d'ici à la fin de ce siècle", estime l'IRF.

"Il s'agit vraiment d'un formidable cadeau pour la reproduction de l'espèce en captivité dont nous savons qu'elle est très difficile", a déclaré à l'AFP Masyhud, porte-parole du ministère indonésien des Forêts. La mère a commencé à allaiter son bébé "juste après la naissance", a précisé Masyhud, qui ne porte qu'un nom comme beaucoup d'Indonésiens.

"La grossesse de Ratu donne espoir pour la conservation" de l'espèce, a souligné Dedi Candra, vétérinaire en chef au refuge de Sumatra, citée dans un communiqué diffusé vendredi avant la naissance.

Les naissances de rhinocéros en captivité sont très délicates à mener à terme : Ratu, une femelle née à l'état sauvage mais qui maintenant vit dans le parc de Way Kambas, avait déjà subi deux fausses couches, précise l'IRF.

L'animal est chassé pour ses cornes qui valent une fortune sur le marché noir, en raison de leurs prétendues vertus médicinales. Mais il est également victime de la destruction de son habitat, devenant un des symboles de la lutte contre la déforestation massive qui sévit actuellement en Indonésie.

Selon les défenseurs de l'environnement, deux millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année dans l'immense archipel, soit l'équivalent de six terrains de football par minute. Les forêts primaires sont en particulier victimes de la "fièvre de l'huile de palme" qui a vu ces dernières années se multiplier les plantations de palmiers à huile pour satisfaire notamment les besoins croissants en biocarburants.