
Si Apple n’a pas fait d’annonce tonitruante à l’ouverture de son salon des développeurs, la marque à la pomme a dévoilé iOS 6, un nouveau système d’exploitation pour iPhone et iPad, que d'aucuns voient comme une arme de destruction contre Google.
Pas d’iTv, pas d’indice sur le prochain iPhone, mais une série d’annonces qui ne laissent aucun doute sur la volonté d’Apple : bouter Google hors du monde des smartphones. Lors de la conférence d’ouverture du marathon de quatre jours de la Worldwide Developer Conference, le salon des développeurs Apple à San Francisco, les dirigeants de la marque à la pomme ont dévoilé un nouveau MacBook Pro, et les nouvelles fonctionnalités de leurs systèmes d’exploitation pour Mac (Mountain Lion) et pour iPhone/iPad (iOS 6).
Si le nouveau MacBook Pro a impressionné autant par son nouvel écran très haute résolution que par son prix (plus de 2 000 euros), l’essentiel de la stratégie anti-Google était condensé dans la présentation d’iOS 6. “Les innovations présentées par Apple lui permettent de conforter sa place de leader sur le marché des smartphones”, a estimé au Wall Street Journal, le quotidien économique américain de référence, Brian Marshall, un analyste pour le cabinet d’études américain ISI. Une manière de dire que même sans nouvel iPhone ou iPad, le géant de Cupertino (Californie) a su mettre le doigt là où ça fait mal à son adversaire.
Des cartes, des cartes oui mais...
La principale attaque contre le géant de l’Internet provient de l’abandon de Google Maps comme outil par défaut de cartographie et de navigation sur iPhone. Apple a dévoilé Maps, une solution maison qui a l’avantage sur l’alternative "made in Google" de permettre l’exploration en 3D de certaines villes. Preuve de la préméditation de ce coup porté à l’une des applications phare de Google : Maps repose en partie sur une technologie développée par la société américaine Placebase, rachetée dès 2009 par Apple. À l’époque Google se lançait, avec son système d’exploitation Android, dans le cour des smartphones et feu Steve Jobs, le fondateur d’Apple, s’était juré de “détruire” ce rival qu’il accusait de plagiat, comme le raconte Walter Isaacson dans sa biographie consacrée au patron d’Apple. “Je suis prêt à lancer une guerre thermonucléaire et dépenser les 40 milliards de dollars du groupe pour détruire Android”, avait-il précisé à son biographe.
Maps fait donc partie de cette guerre totale. Grâce à ce nouvel outil, les centaines de millions d’utilisateurs d’iPhone et d’iPad ne verront plus par défaut les recommandations d’hôtels, restaurants et autres lieux qui apparaissent sur Google Maps. Ces résultats s'avèrent très utiles au géant de l’Internet car elles lui permettent de mieux comprendre les goûts de l'utilisateur (type de restaurant, classe des hôtels, etc.) et ainsi cibler les publicités que le groupe vend.
Siri, aussi
Apple a aussi amélioré Siri, l’assistant personnel par reconnaissance vocale, dans un sens qui ne va pas plaire à Google. Ce qui semblait n’être qu’un gadget lorsqu’il avait été dévoilé à l’occasion de la présentation de l’iPhone 4S en octobre 2011 risque de se transformer en concurrent au roi des moteurs de recherche. En effet, les utilisateurs d’iPhone pourront demander, dans iOS 6, à Siri de leur trouver des restaurants, des séances de cinéma et d’autres activités à proximité... Une recherche qui jusqu’à présent s’effectuait principalement grâce à google.com. Encore une manière de tenter de ralentir le robinet à publicité qui inonde Google en billets verts.
Enfin, Apple a aussi resserré les liens avec un autre concurrent de Google : Facebook. Les ennemis de mes ennemis sont... telle est la logique qui préside à l’intégration très poussée du roi des réseaux sociaux dans la nouvelle mouture d’iOS. Désormais, il ne sera plus nécessaire de passer par l’application Facebook pour mettre à jour son statut, et l’iPhone mettra à jour directement le carnet d’adresses de l’utilisateur grâce à ses contacts sur le réseau social. Ce dernier devient donc le partenaire de jeu privilégié sur iOS 6 et les utilisateurs des produits d’Apple n’auront que peu de raison d’utiliser Google +, l’alternative à Facebook lancée en juin 2011 par le géant de l’Internet.