
La police russe a procédé lundi à des perquisitions au domicile de plusieurs leaders de l''opposition alors qu'une manifestation doit se tenir aujourd'hui contre le président Vladimir Poutine, accusé de vouloir museler ses détracteurs.
AFP - Des dizaines de milliers de personnes sont attendues mardi à Moscou à une grande manifestation de l'opposition au président Vladimir Poutine, au lendemain d'une série de perquisitions sans précédent visant ses leaders et le risque de lourdes amendes.
Plusieurs sites web proches de l'opposition russe étaient inaccessibles mardi matin, apparemment victimes d'une attaque en règle. Le site de la radio Echo de Moscou, du journal Novaya Gazeta et de la télévision Dojd étaient notamment bloqués.
Sur sa page Facebook, TV Dojd a indiqué être victime d'une attaque DDos, attaque par déni de service qui consiste à submerger les serveurs de demandes pour en bloquer le fonctionnement.
Novaya Gazeta et Echo de Moscou avaient rendu compte en détail la veille d'une série de perquisitions sans précédent visant les leaders de l'opposition.
TV Dojd a l'habitude de diffuser en direct des images des grandes manifestations contre le président Vladimir Poutine.
Les cyberattaques contre des sites critiques du Kremlin et des blogs d'opposants sont fréquentes en Russie. (AFP)
Après un rassemblement prévu à midi (08H00 GMT) sur la place Pouchkine au coeur de la capitale, les participants doivent défiler jusqu'à l'avenue Sakharov où aura lieu la manifestation baptisée "marche des millions", autorisée de 11H00 GMT à 14H00 GMT par la municipalité.
C'est dans cette avenue où près de 100.000 manifestants anti-Poutine s'étaient rassemblés en février, au plus fort de la contestation, que doivent s'exprimer les leaders de l'opposition en ce jour férié en Russie.
Une dizaine de perquisitions ont été effectuées lundi, notamment au domicile du blogueur anti-corruption Alexeï Navalny, du leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov, du dirigeant du mouvement Solidarité Ilia Iachine, et de la présentatrice vedette de la télévision Xénia Sobtchak.
L'opposition a aussitôt dénoncé une "tentative de torpiller la manifestation" de mardi, selon les mots de l'un de ses leaders, Ilia Ponomarev, du mouvement Pour les droits de l'homme.
Ces perquisitions et la nouvelle loi alourdissant considérablement les amendes à l'encontre des manifestants en cas de troubles, promulguée vendredi par Vladimir Poutine, témoignent du "renforcement des radicaux au sein du pouvoir", a estimé pour sa part l'ancien ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine.
Le comité d'enquête a lui indiqué que ces opérations étaient liées à une enquête en cours sur la manifestation de l'opposition le 6 mai à Moscou, qui avait rassemblé plus de 20.000 personnes et s'était terminée par "des désordres massifs" faisant plusieurs blessés parmi les participants et les policiers.
Selon l'opposition, des provocateurs au service de la police avaient été à l'origine des heurts.
Réélu en mars pour un troisième mandat présidentiel, après ceux effectués de 2000 à 2008 suivis par un intermède de quatre ans comme Premier ministre, M. Poutine est confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir.
Les premières grandes manifestations ont commencé en décembre dernier, après la victoire du parti de Vladimir Poutine aux législatives au cours desquelles l'opposition avait dénoncé des fraudes massives.