
Alors que les émissaires américains en visite à Damas estiment que la Syrie peut jouer "un rôle important et constructif" au Proche-Orient, Hillary Clinton mise sur une médiation turque pour réchauffer les relations entre Tel-Aviv et Damas.
Reuters - Les Etats-Unis espèrent une « dynamique de progrès » dans les pourparlers de paix entre la Syrie et Israël, et pensent que Damas pourrait contribuer à la stabilité du Proche-Orient, a estimé samedi un haut-responsable américain.
Jeffrey Feltman, secrétaire d’Etat adjoint chargé des Affaires proches-orientales, et Dan Shapiro, du Conseil national de sécurité à la Maison blanche, ont été reçus à Damas par le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem. Ils sont les premiers hauts responsables américains à se rendre en Syrie depuis janvier 2005.
"Nous avons trouvé de nombreux terrains d’entente. Aucun sujet n’était tabou. Nous pensons que la Syrie peut jouer un rôle important et constructif dans la région", a déclaré Feltman à l’issue de la réunion.
Au sujet des pourparlers de paix entre Israël et la Syrie, Feltman a estimé qu’une « paix globale » comprenant un accord entre les deux parties était l’un des objectifs diplomatiques de l’administration du président Barack Obama.
"Nous voulons voir une dynamique de progrès s’installer entre la Syrie et Israël dès que les deux parties seront prêtes. Nous voulons obtenir des résultats. Je suis sûr que la Syrie voudra aussi obtenir des résultats, mais n’allons pas espérer que les choses changent radicalement du jour au lendemain."
Feltman et Shapiro n’ont pas rencontré le président syrien Bachar el Assad.
Feltman a indiqué qu’après la Syrie, il allait se rendre au Liban voisin et qu’il aurait des consultations dans un pays européen, dont il n’a pas précisé le nom, avant de regagner Washington en début de semaine.
Retour d'un ambassadeur ?
Les relations entre Damas et Washington se sont considérablement détériorées après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, en 2005, qui avait conduit l’administration Bush à rappeler son ambassadeur en Syrie et à élargir les sanctions contre de Damas.
Feltman était ambassadeur au Liban à l’époque de cet assassinat et s’est fortement impliqué dans le soutien aux leaders libanais antisyriens, au mécontentement de Damas.
L’enquête menée par des inspecteurs des Nations unies sur l’assassinat d’Hariri a mis en cause des responsables syriens de la sécurité.
Depuis son entrée à la Maison blanche en janvier, Barack Obama a proposé toutefois une reprise du dialogue avec plusieurs pays ignorés par son prédécesseur.
Sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton a dit vendredi que pour l’heure l’administration Obama « testait la température » de ses ouvertures diplomatiques à l’Iran et à la Syrie.
A Ankara où elle est arrivée samedi pour une brève visite, Hillary Clinton a indiqué que Washington n’avait pas encore pris de décision sur un éventuel retour à Damas d’un ambassadeur des Etats-Unis - décision qu’envisageait l’administration de George Bush dans ses derniers mois.
"Nous n’avons pas pris de décision sur quelque mesure que ce soit ", a souligné Clinton. Elle a ajouté que rien n’était "plus important" que les contacts indirects de paix qu’a eus la Syrie avec Israël par l’entremise des Turcs.
La Turquie, de son côté, a indiqué par la voie de son ministre des Affaires étrangères Ali Babacan que la Turquie, qui a mené une médiation dans des pourparlers indirects entre Israéliens et Syriens, était disposée à relancer les discussions entre eux si les deux parties le demandaient. La Syrie a officiellement suspendu ses discussions indirectes avec Israël après le déclenchement de l’offensive israélienne contre Gaza à la toute fin de l’an dernier.
"La Turquie a joué un rôle très important", a dit Clinton, en soulignant que "l’importance de cette voie, les efforts de paix, rien n’était plus important ".