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Pour Malek Jaziri, Roland-Garros est "un rêve de gosse qui se réalise"

, envoyé spécial à Roland-Garros – Malek Jaziri est devenu ce lundi le premier Tunisien à se qualifier pour le deuxième tour de Roland-Garros. Après sa victoire face à l'Allemand Philipp Petzchner, le natif de Bizerte s'est confié à FRANCE 24. Entretien.

Malek Jaziri continue d'écrire l'histoire du tennis tunisien. Après avoir été le premier joueur de son pays à accéder au deuxième tour d'un tournoi du Grand Chelem lors de l'US Open en 2011, Malek Jaziri, 94e joueur mondial, est devenu le premier Tunisien à remporter un match du tableau final de Roland-Garros. À 28 ans, pour sa première participation aux Internationaux de France, il a battu le 98e joueur mondial, l'Allemand Philipp Petzchner (6-3, 7-5, 7-6).

"Je suis vraiment très heureux d'avoir gagné. C'est un rêve de gosse qui se réalise. C'est un bon premier match pour préparer la suite", a confié à l'issue de la rencontre celui qui, en mars dernier, est devenu le premier Tunisien à intégrer le Top 100 mondial. "Cela fait des années que je travaille pour participer à Roland-Garros. En Tunisie, tout le monde regarde ce tournoi du Grand Chelem. Tout le peuple nord-africain connait Roland-Garros", affirme Malek Jaziri, qui a découvert les Internationaux de France sur son petit écran dans sa ville natale de Bizerte, au nord de la Tunisie, alors qu'il était encore enfant.

"À Bizerte, il existe une vraie tradition de champion de tennis. Mon grand frère jouait dans le club local où j'ai commencé à l'âge de 5 ans. Mais c'est à l'âge de 2 ans que mes parents m'ont offert ma toute première raquette", raconte-t-il. "À 12 ans, je suis allé à Tunis où j'ai fait sport-études jusqu'à 17 ans. Puis je suis allé trois mois en Espagne grâce à une bourse et je suis revenu en Tunisie", poursuit le joueur.

"Sarcelles, une deuxième famille"

Malek Jaziri a ensuite connu une longue traversée du désert, lors de laquelle il a décidé d'arrêter le tennis. "Je me suis gravement blessé au genou. Cette blessure m'a tenu éloigné des courts pendant deux ans. J'ai arrêté le tennis et j'ai commencé à travailler avec mon père en faisant des petits boulots de mécanique. Mais en concertation avec ma famille, qui m'a soutenu tout au long de cette période, j'ai décidé de tenter le tout pour le tout, malgré l'avis de certains médecins qui disaient que mon genou était foutu."

Et de poursuivre : "En France, j'ai trouvé un docteur qui m'a soigné pendant neuf mois avec un kinésithérapeute. Ce sont eux qui m'ont permis de revenir. Ensuite, je suis allé m'entraîner pendant deux ans en Espagne, à l'école catalane de Barcelone, grâce à une bourse de la Fédération internationale de tennis".

Malek Jaziri connait bien la France puisqu'il est licencié depuis plusieurs années de l'A.A.S. Sarcelles. "Sarcelles, c'est une deuxième famille pour moi. J'ai commencé à jouer en 3e division et là nous sommes en 1ère division. Cela fait quatre ans que je prends beaucoup de plaisir à jouer avec eux et  j'étais ravi que les supporters de Sarcelles soient là pour me soutenir pendant le match."

Les supporters de cette petite ville du Val d'Oise n'étaient pas les seuls à soutenir Malek Jaziri lors de son premier tour. De nombreux Tunisiens, certains même venus de Genève, donnaient de la voix dans les travées du court numéro 10. "Il y avait également ma famille, c'était très important pour moi. Je leur dédie cette victoire", s'enthousiasme Malek Jaziri.

"En Afrique, on manque de moyens"

S'il participe à son premier Roland-Garros cette année, Malek Jaziri, qui réside à Tunis, n'est pas en terre inconnue à Paris, lui qui était venu à plusieurs reprises durant le tournoi pour servir de sparring-partner aux joueurs. Mais le voilà chez les grands, un aboutissement en forme d'espoir pour les jeunes Tunisiens. "En Tunisie, il n'y a pas la culture du tennis professionnel. Les gens sont plutôt des tennisman du dimanche. Mais cela commence à évoluer. J'espère que cette victoire va inciter les jeunes à devenir professionnels", souligne Malek Jaziri, qui travaille actuellement avec un encadrement 100% tunisien.

"En Afrique, on manque de moyens. Les sponsors ne suivent pas beaucoup donc c'est difficile. Jusqu'à présent, c'est la Fédération qui me payait des tournois. Mes parents m'ont également aidé lorsque j'étais en Espagne. J'espère qu'en Afrique du Nord, les choses vont bouger. Actuellement, il y a plus de joueurs qui jouent en Afrique mais moins de professionnels qu'avant. C'est un cycle, cela va passer", explique-t-il.

Malek Jaziri s'est fixé un objectif : "Rentrer dans le Top 50". Une tâche compliquée pour ce joueur qui affrontera, jeudi 31 mai lors du deuxième tour de Roland-Garros, l'Espagnol Marcel Granollers, actuellement 23e joueur mondial.