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Les banques mises en cause dans l'échec de Facebook en Bourse

Depuis son introduction en Bourse, le titre Facebook n'a cessé de dégringoler, suscitant les vives critiques du monde de la finance sur le pilotage de cette capitalisation boursière par les banques. Morgan Stanley est notamment pointée du doigt.

REUTERS - L'action Facebook a poursuivi sa chute mardi, tandis que les gendarmes américains des marchés financiers ont estimé que les problèmes entourant l'entrée en Bourse du réseau social vendredi sur le Nasdaq devaient être examinés.

Après sa chute de 11% la veille, l'action Facebook a terminé en repli de 8,9% à 31 dollars, les investisseurs s'interrogeant sur les perspectives économiques du réseau social. Les volumes restaient très importants, avec 101 millions de titres échangés
sur la séance.

À ce prix, Facebook a vu sa capitalisation boursière fondre de plus de 19 milliards de dollars (près de 15 milliards d'euros) depuis son introduction en Bourse à 38 dollars vendredi dernier. En trois jours de cotation, le titre a perdu 18%, et son décrochage pourrait se poursuivre.

D'après les estimations de Wall Street compilées et analysées par Thomson Reuters Starmine, le niveau raisonnable pour l'action Facebook au vu des perspectives de résultats du groupe serait de 9,59 dollars - soit le quart de son prix d'introduction en Bourse.

Les déclarations distinctes de la Securities and Exchange Commission (SEC) et de la Finra (Financial Industry Regulatory Authority) accentuent la pression sur la société, sur les chefs de file de son introduction en Bourse, et sur le Nasdaq , tous vivement critiqués pour les débuts chaotiques du titre sur la cote et son rapide décrochage.

Facebook a connu des problèmes de cotation quelques minutes après son entrée sur le Nasdaq. Morgan Stanley a peut-être contribué à la performance décevante du titre en ayant livré à ses principaux clients des informations négatives sur le groupe peu avant sa mise sur le marché.

Selon des sources proches du dossier, JPMorgan et Goldman Sachs, qui ont aussi garanti le placement des titres Facebook mais à un degré moindre, ont également abaissé leurs prévisions sur les perspectives de Facebook.

"C'est là un sujet de préoccupation d'ordre réglementaire pour nous et, j'en suis certain, pour la SEC (...) Nous nous pencherons dessus ensemble", a déclaré le directeur de la Finra.

Le Nasdaq sous pression

De son côté, la SEC a déclaré que les problèmes entourant l'entrée en Bourse de Facebook devaient être examinés, tout en disant qu'ils ne devaient pas ébranler la confiance des investisseurs à l'égard des marchés.

"Je pense qu'il y a beaucoup de raisons d'avoir confiance dans nos marchés et dans leur intégrité, mais il y a des questions qu'il faut regarder, en particulier s'agissant de
Facebook", a dit à des journalistes la présidente de la SEC Mary Schapiro, à l'issue d'une audition au Sénat.

L'opérateur boursier Nasdaq OMX, qui a encaissé de lourdes critiques liées aux problèmes de cotation de Facebook, a mis des fonds de côté pour dédommager ses clients. Un recours collectif (class action) avait déjà été déposé mardi dans un tribunal
fédéral de Manhattan au nom de tous ceux ayant perdu de l'argent en raison d'un ordre de trading mal géré.

Certains à Wall Street s'interrogent déjà sur la capacité du Nasdaq à accueillir d'autres grandes introductions en Bourse.

"C'est terrible pour les marchés", a commenté l'ancien président de la SEC, Arthur Levitt. "C'est un événement qui aura des implication négatives durables sur un secteur qui peut mal encaisser ce genre de problème, et le dernier chapitre n'a pas
encore été écrit."

Le titre Nasdaq a perdu 2% mardi à Wall Street.

Les actionnaires de l'opérateur se sont pourtant montrés compréhensifs lors de l'assemblée générale annuelle du groupe : celle-ci n'a duré que quelques minutes et n'a donné lieu à aucune question sur les problèmes liés à l'IPO de Facebook.

"Clairement nous avons fait des erreurs dans la cotation de Facebook, mais nous tenons toujours à souligner le fait que c'était la plus grande IPO jamais vue et que, vendredi dernier, nous avons traité plus de 570 millions de titres", a déclaré le
directeur général de Nasdaq OMX, Bob Greifeld.