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Le président intérimaire malien Dioncounda Traoré a été agressé lundi, dans son bureau de Koulouba, près de Bamako, par des manifestants protestant contre sa désignation. Il serait rentré chez lui après une brève hospitalisation.

REUTERS - Le chef de l’Etat malien par intérim, Dioncounda Traoré, est sorti de l’hôpital lundi soir après avoir été agressé lors de l’occupation du palais présidentiel de Bamako par des centaines de manifestants qui s’est soldée par la mort de trois d’entre eux, a indiqué son entourage.
Le président aurait regagné sa résidence personnelle. On ignore dans l’immédiat s’il va revenir au palais présidentiel.
Blessé à la tête, Traoré avait été escorté à l’hôpital par le Premier ministre intérimaire et des gardes du corps, selon des témoins.   
« Il a été emmené d’urgence à l’hôpital (...) ils l’ont roué de coups et ont déchiré ses vêtements », a déclaré Bakary Mariko, porte-parole du Comité national pour le redressement et le rétablissement de l’Etat (CNRDRE), le nom officiel de la junte.
« Il s’agit d’une foule spontanée. On a relevé trois morts et plusieurs blessés parmi les manifestants. La sécurité de Dioncounda a tiré sur les gens », a-t-il dit, indiquant par téléphone que la foule avait quitté le palais en milieu d’après-midi.
Auparavant, des centaines de personnes avaient fait irruption dans le palais présidentiel en affirmant qu’ils n’en partiraient pas avant la démission du président Traoré, selon un correspondant de Reuters sur place.
Des manifestants ont déchiré des portraits du chef de l’Etat, dont ils réclament le remplacement par le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mars. Les militaires postés autour du palais de Koulouba n’ont rien fait pour les empêcher d’entrer.
Slogans hostiles à la Cédéao
Le capitaine Sanogo avait accepté ce week-end que le président Traoré reste au pouvoir pour un an afin de superviser la transition vers un pouvoir civil. Il s’était vu accorder en échange le statut et les privilèges réservés aux anciens chefs d’Etat.
« Il n’est pas question que Dioncounda reste à la tête du Mali », a déclaré un manifestant escaladant la colline sur laquelle se trouve perché le palais présidentiel.
D’après un journaliste de Reuters, l’un des ponts de Bamako qui enjambe le fleuve Niger a été bloqué par des pneus enflammés. Des manifestants ont également bloqué la circulation dans la capitale malienne.
Des slogans hostiles à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a menacé de prendre des sanctions contre Sanogo s’il ne permet pas à Traoré de rester aux commandes, ont également été entendus. « La Cédéao ne devrait pas se mêler aux affaires du Mali », a affirmé un protestataire.
L’organisation régionale s’est engagée à dépêcher au Mali une force de 3.000 hommes pour l’aider à rétablir son autorité dans la moitié nord du pays, tombée le 22 mars aux mains des rebelles touaregs de l’Azawad et d’islamistes d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
En marge du sommet de l’Otan à Chicago, François Hollande a dénoncé lundi l’agression dont a été victime Dioncounda Traoré.
« C’est vrai que le Mali est déstabilisé, on ne peut pas accepter qu’il y ait une agression sur le président par intérim du Mali », a déclaré le président français.
« Je réaffirme ici que le processus qui a été voulu par la Cédéao doit être poursuivi et que les autorités légitimes doivent être respectées. Plus généralement, cette zone Sahel est très inquiétante, (...) ce qui revient du Mali est une nouvelle source d’interrogations », a-t-il ajouté.